Est-ce que dans votre classe on retrouve parfois le schéma classique ?
- Le maître / la maîtresse pose une question
- Au mieux : Les élèves qui savent lèvent le doigt, vous les interrogez, ils répondent
- Au pire : Les élèves qui savent répondent plus vite que leur ombre, avant même que quiconque ait pu amorcer un levage de doigt (ou une quelconque réflexion)
- De temps en temps : Vous interrogez un élève “au hasard” (mais pas vraiment, puisque vous essayez de choisir celui qui risque de s’endormir) et 95% du temps il est incapable de répondre car son esprit était parti à 20 000 lieues de la classe.
Si je récapitule, le nombre d’élèves réellement engagés dans le questionnement est souvent loin des 100%.
Il n’est pas question ici de brusquer les élèves introvertis (à la mode “note de participation”) mais plutôt d’aménager un cadre de travail dans lequel ils pourront s’exprimer plus facilement.
Il y a quelques mois je suis tombée sur un article canadien très intéressant : L’art de questionner de façon efficace
Grâce à cet article, on réalise que, bien souvent, les élèves les plus en difficulté ont besoin d’un temps de réflexion plus long que les autres.
Ils n’ont que trop peu souvent l’occasion de mener leur réflexion jusqu’au bout pour pouvoir aboutir à une réponse.
Donc petit à petit, ils n’essayent même plus. La course contre la montre est perdue d’avance.
L’enjeu est alors de faire en sorte que tous les élèves gardent leur réponse dans leur tête pendant un temps suffisant pour que tout le monde ait un temps de réflexion suffisamment long.
Ce système est également bénéfique pour les élèves qui manquent de confiance en eux.
Le fait d’avoir le temps de vérifier leur réponse avant de la donner est souvent rassurant.
Voici maintenant 8 astuces pour vous aider à faire participer tout le monde sans brusquer personne :
Retenir
Dans les ouvrages Narramus, on retrouve cette notion. La règle est simple : les élèves devront RETENIR leur réponse, aux 2 sens du terme :
- S’en souvenir
- Ne pas la dire à haute voix
Puis, au moment de la restitution de leur réponse, plusieurs possibilités :
Souffler la réponse
C’est une technique que l’on retrouve dans le “Whole Brain Teaching” : On demande aux élèves de souffler systématiquement dans leurs mains avant de donner une réponse (à voix haute, tous ensemble).
Ceci évite les réponses qui fusent et qui empêche les moins rapides de réfléchir.
J’en avais déjà parlé dans l’article Aider les élèves qui “décrochent” pendant les phases collectives) (Vidéo à l’appui)
Chuchoter la réponse
Dans l’esprit de la solution précédente, on peut demander aux élèves de chuchoter la réponse tous ensemble après un décompte ou un signal de l’enseignant (Silencieux de préférence pour ne pas interférer avec la réflexion des élèves)
Dans le document canadien dont je vous ai parlé plus haut on conseille un délai de 3 secondes minimum pour pouvoir voir une augmentation significative de la qualité et de la quantité des réponses des élèves. A moduler en fonction de la difficulté de la tâche.
J’ai la réponse !
On peut demander aux élèves de lever le pouce (mais sans lever le bras pour ne pas perturber les autres) quand ils pensent avoir trouvé la bonne réponse.
Ceci permet aux élèves :
- De réfléchir sans avoir la pression des bras qui se lèvent petit à petit tout autour d’eux
- D’indiquer qu’ils ont la réponse, même s’ils ne souhaitent pas la donner à toute la classe (encourage la réflexion)
Ceci permet à l’enseignant de :
- Se rendre compte du temps mis par chacun pour mener sa réflexion jusqu’au bout
- D’estimer plus facilement le moment opportun pour commencer à interroger les élèves (On pourra alors demander aux élèves de lever la main, comme à l’habitude, pour demander la parole)
Cette idée, une fois de plus, est tirée des fabuleux ouvrages Narramus.
Plusieurs signes pour réguler les discussions
Cette stratégie est dans le même esprit que la précédente, mais en plus élaborée.
Il s’agit de ne pas se cantonner à un seul signe (lever la main ou le doigt) pour demander la parole. Mais plutôt de proposer plusieurs signes, chacun ayant sa signification propre.
Voici des infos complémentaires, issues de Bien débuter en élémentaire : Repères et clés pour l’enseignant de Ben Aïda (@neBen2406 sur twitter) édité chez Canopé
Une idée que l’on trouve aussi chez Edutopia :
Chaque signe a sa signification :
- Je suis d’accord
- Je ne suis pas d’accord
- J’ai une question
- J’ai quelque chose à rajouter
- Je peux reformuler
Ceci permet une gestion plus fluide de la parole, aussi bien en enseignement en présentiel, qu’en distanciel. Pour plus d’infos, vous pouvez visionner cette vidéo (en anglais, désolée !)
Ou visiter la page d’Edutopia à ce sujet.
Enfin, Frédérique Barbillon Trillard (@FrederiqueBT sur twitter), a réalisé le document ci-dessous suite à la lecture de cet article. On y retrouve les 5 signes d’Edutopia et le pouce. Une belle affiche récapitulative pour la classe. Merci à elle pour le partage ! :
Cartons réponse
Pour certaines activités qui nécessitent des réponses en quantité limitées mais répétées, on peut préparer ou faire préparer aux élèves des cartons-réponses.
Par exemple :
– OUI / NON ou VRAI / FAUX
– RÉPONSE A / RÉPONSE B / RÉPONSE C
– PLUS GRAND / PLUS PETIT / EGAL
– SINGULIER / PLURIEL
A chaque question posée par l’enseignant, l’élève prépare le bon carton-réponse et le lève au signal donné par l’enseignant (Là encore on essaye de respecter les 3 secondes de réflexion minimum)
Cette fois-ci l’idée est tirée de 100 idées pour apprendre à compter au quotidien avec de la monnaie de Bernadette Guéritte-Hess, Marie-Line Chef San Marcelino et Claudine Decour Charlet
C’est un petit livre que j’utilise beaucoup en ce moment avec un groupe d’élèves totalement réfractaire aux mathématiques mais qui accrochent à 100% à ce projet sur la monnaie (C’est du vécu, du quotidien, de l’utile, du concret… la vie la vraie !) :
Bien entendu, l’usage de l’ardoise, très rependu, est également à encourager
Plickers
Plickers, c’est une application pour smartphone ou tablette. Le principe est le suivant :
- L’enseignant interroge la classe avec une question de type QCM
- Les élèves lèvent une carte sur laquelle figure un genre de QRcode simplifié. La manière dont ils l’orientent indique leur réponse.
- L’enseignant récupère instantanément les réponses de chacun des élèves, et obtient un aperçu très visuel sur son appareil, qu’il pourra conserver s’il le souhaite.
Le gros avantage pour les élèves qui manquent de confiance : les camarades ne peuvent pas clairement voir leur réponse.
Pour plus d’infos à ce sujet, je vous conseille d’aller voir l’article de Charivari, simple, clair, précis et très complet, comme d’habitude !
Carton !
Une astuce qui m’a été donnée par @coopositive sur Twitter : donner un carton aux plus réservés. Quand ils le lèvent, ils ont la priorité pour donner une réponse. Double intérêt :
- Des élèves plus enclins à participer
- Un repérage facilité pour l’enseignant
Et pour rompre la monotonie…
Changez de stratégie régulièrement !
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