Dans cet article, je vais vous parler d’un outil qui est en train de devenir incontournable pour les cycles 1 et 2 et l’enseignement spécialisé : Narramus. Je vais vous donner mon avis sur la chose, mais je vais aussi vous expliquer comment s’en passer 😉
Pour la petite histoire : J’ai préparé le CAPA-SH la seule année où la formation avait été supprimée dans mon département. Je me suis donc auto-formée en écoutant des conférences pédagogiques à la pelle : en voiture, dans ma baignoire, en cuisinant, en faisant des travaux…
Et dans « je-ne-sais-malheureusement-plus-quelle-conférence » de Roland Goigoux, une idée m’avait interpellée :
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« Le meilleur moyen pour apprendre à comprendre les histoires
c’est d’apprendre à les raconter »
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Il décrivait alors un projet à partir du joueur de flûte de Hamelin. (J’ai recherché cette conférence partout, rien trouvé. Si vous avez un lien ça m’intéresse)
L’idée me paraissait finalement évidente. Pour être capable de raconter une histoire, il faut nécessairement l’avoir comprise.
Et du côté de la motivation : Avoir comme objectif de raconter l’histoire (A sa famille, à des copains…) ça incite drôlement à s’impliquer à 100% dans le travail de compréhension.
Convaincue, je l’étais. Mais je n’avais finalement jamais appliqué l’idée. Je ne savais pas tellement comment m’y prendre, par quel bout commencer…
Mais par chance, quelques années plus tard, voilà que compère Goigoux (Avec son acolyte Sylvie Cèbe) sort : Narramus MS-GS, La sieste de Moussa
(Merci aux éditions Retz pour l’exemplaire de presse fourni à ma demande)
J’étais archi-convaincue avant même de l’avoir ouvert. Et une fois ouvert, je l’étais encore plus (Je ferais une bonne commerciale, non ?).
Je vous liste donc une partie des choses qui m’ont plu (et je vous laisse découvrir le reste par vous-même).
Et si vous m’avez pas un sous à investir : ne partez pas, il y a plein d’idées géniales à piquer gratos 😉
Clé en main
Ça c’est un avantage de choc, non ?
- La progression est faite (et bien faite)
- Le détail des séances est parfait
- Et pas besoin de lire 457 pages de blabla avant de commencer.
Motivant
Pour les élèves… et l’enseignant !
Parce que tout est vraiment ultra bien pensé au travers d’une approche multisensorielle (Visuelle, auditive, kinesthésique), donc variée. On ne s’ennuie jamais.
Quelques exemples :
- Les élèves se mettent dans la peau des personnages en revêtant des masques,
- Ils miment le vocabulaire,
- Il y a la possibilité de projeter des images où l’on voit les personnages, bulle de BD au-dessus de la tête, incitant les élèves à mettre en voix le passage concerné.
- Ils sont également invités à rejouer les scènes avec la maquette de l’histoire et les figurines associées
Un vrai travail sur l’oral
On a enfin un outil de langage oral qui ne néglige pas le travail sur la syntaxe et le lexique. (Qu’on a pourtant tellement de mal à enseigner).
Permettre à tous d’acquérir les compétences clés pour s’exprimer, ça me plait !
J’aime aussi beaucoup leurs propositions pour gérer les prises de parole des élèves malgré le grand groupe, pour éviter que ce soit toujours les mêmes qui parlent ou pour éviter de mettre certains en difficulté.
Je vous en reparlerai plus en détail dans un prochain article : Aider les élèves qui ne lèvent jamais la main. Pour être informé dès sa parution, vous pouvez vous abonnez à la Newsletter de Maitresseuh (si ce n’est déjà fait)
Sans oublier la métacognition
L’aspect métacognitif (Ouh ! Le gros mot de pédagogue !), ou « Apprendre à apprendre » est omniprésent.
Un exemple :
Pour pouvoir raconter l’histoire, on a besoin de connaître le vocabulaire lié à cette histoire. Mais pour le connaître, il faut le mémoriser.
Et bien dans Narramus, on donne aux élèves de réelles stratégies pour y parvenir :
On utilise notamment une boîte qui permet de symboliser l’acte de mémorisation. On range dans cette boîte, comme dans notre cerveau, les images de vocabulaire à mémoriser. Mais on ne les laisse pas dormir ici bien sagement. On les ressort régulièrement, on entretient nos connaissances.
Compact
C’est effectivement un projet relativement compact (8 modules, répartis sur 4 semaines) qui peut facilement se glisser, aussi bien dans une progression de classe que dans un projet de remédiation (APC ou RASED)
Pas besoin de passer des heures à chercher des images/masques/figurines à droite à gauche, tout est fourni sur le CD. (Ceux qui sont déjà partis à la recherche d’images pour illustrer du vocabulaire un peu abstrait comprendront vite le gain de temps)
Pratique et simple à mettre en oeuvre
Pas besoin non plus de passer des heures à Imprimer/Plastifier/Découper tout un tas de choses à chaque séance. On prépare le matériel avant de commencer l’ensemble des séances et c’est plutôt vite fait.
Voilà tout ce dont vous aurez besoin pour l’ensemble des séances :
- Le guide pédagogique (avec toutes les séances toutes prêtes), l’album de l’histoire (fourni avec) et le CD (fourni également) contenant tout un tas de choses utiles (mais pas toujours indispensables) : texte de l’album, toutes les illustrations de l’album sans texte, animations des mots de vocabulaire, version audio de l’histoire, pas à pas pour dessiner les personnages…
- Les 27 images de vocabulaire. Ici, nous avons juste imprimé les images sur du bristol. C’est bien assez solide, pas besoin de plastifier je trouve (économie de temps, d’argent, et futur déchet recyclable contrairement au plastique)
- Les 6 masques correspondants aux personnages de l’histoire (Moussa, souris, chat, chien, lion, éléphant) : On les trouve sur le CD. Il n’y a qu’à les imprimer sur du bristol (ou papier ordinaire puis coller sur du carton) et à ajouter un élastique. A l’école on avait déjà des masques d’animaux plus attrayants (voir ci-dessous), on les a donc utilisés.
- Une maquette de la maison de Moussa. Si vous avez une ATSEM créative c’est l’idéal. Mais sinon, pas de panique, rien de très compliqué non plus : 2 cartons et un rapide coup de peinture font tout aussi bien l’affaire.
- Des figurines des personnages (Moussa, souris, chat, chien, lion, éléphant). Là encore plusieurs possibilités. Solution système D rapide : imprimer les personnages depuis le CD, les plastifier puis les planter dans des boules de pâte à modeler ou les coller sur des cubes pour qu’ils tiennent debout. Sinon, on peut aussi se débrouiller avec les Playmobils et autres figurines que vous avez sous la main. (C’est ce qu’on a fait !). Avec des marionnettes à doigt, ça doit être pas mal également.
Et pour d’autres albums, pourquoi pas des Story Spoons ? Des cuillères en bois, peintes ou décorées au feutre Posca pour faire des marottes. (Pour Moussa : pas l’idéal car pas facile à manipuler sur la maison)
Renforce le lien école/famille
On ouvre le travail de l’école sur la maison : On incite les élèves à raconter l’histoire à la maison, à emmener le matériel (maquette, personnages, masques…).
Et c’est bien là l’essence même du langage oral : le partage !
Très inspiré des fameux sacs à histoires ou sacs à albums. On peut aussi envisager de faire une boîte à histoire pour chaque élève avec du matériel basique (personnages découpés, décor de fond…)
J’avais par ailleurs beaucoup aimé l’idée de Goigoux dans cette fameuse conférence : faire une fiche navette pour que chaque personne à qui l’enfant raconte l’histoire puisse faire part de ses remarques. Les adultes sont souvent bluffé par le niveau de maîtrise du texte atteint par les élèves.
Transférable
Le truc génial : Une fois qu’on a suivi le pas-à-pas sans trop se poser de questions, on peut appliquer les mêmes principes/procédés avec n’importe quel autre album.
Je verrais très bien par exemple, l’utilisation de maquettes/figurines pour des albums où le repérage spatial est difficile à appréhender pour des enfants :
- Pour Plouf de Corentin : Fabriquer le puits avec la corde et le seau puis faire monter et descendre les personnages
- Pour L’Ogre, le loup, la petite fille et le gâteau (Toujours Corentin) : Faire une maquette de la rivière à traverser et exécuter les différents allers et venus des personnages sur une petite barque.
Pour tous les élèves de la PS au CP
La collection comporte actuellement 4 titres. Le Machin pour les PS-MS, La sieste de Moussa et La chasse au caribou pour les MS/GS Les deniers de Compère Lapin pour les GS/CP,
Narramus PS-MS : Le Machin de Sylvie Cèbe et Roland Goigoux
Narramus MS-GS : La chasse au caribou de Sylvie Cèbe et Roland Goigoux
Narramus GS/CP : Les deniers de Compère Lapin de Sylvie Cèbe et Roland Goigoux
Mais l’offre va encore d’étoffer avec la prochaine parution de La chèvre biscornue pour les GS-CP
Pour conclure
Narramus est doublement génial parce que :
- Il fera incontestablement progresser vos élèves en compréhension/production orale : Narramus a été évalué auprès de 6000 enfants et les résultats semblent bluffants. De notre côté nous l’avons mis en place dans le cadre de nos ateliers de prévention des difficultés en langage oral avec l’ensemble des GS de mon école de rattachement. Nous sommes très satisfaits des résultats. Je vous reparlerai d’ailleurs de ces ateliers dès que possible.
- Il vous fera incontestablement progresser dans votre pratique enseignante. On ne ressort pas indemne de Narramus. Ça chamboule nos manières de travailler, et ça ouvre plein de possibles…
Et vous, vous avez testé Narramus ? Vous nous racontez ce que ça a changé dans votre classe ?
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