Installer un coin calme dans ta classe, ça peut être une bonne idée si tu as un élève qui (rayer les mentions inutiles) :
- Se met en colère / crie / tape / insulte / pleure / fait une grosse crise
- Quand il est face à : une frustration / un désaccord avec un camarade / un imprévu / trop de stimulations
- Il est : autiste / TDAH / A des troubles du comportement / Ou rien de tout ça…
La gestion des crises empiète sur les temps d’apprentissages et c’est difficile à vivre pour lui, pour toi, pour les autres…
Voici quelques idées pour tenter de retrouver le calme après la tempête (Voire même pour éviter la tempête)
La boîte à calme
Un principe simple
Une boite/caisse/panier avec différents objets aidant à retrouver son calme.
Photo de Cécile (Merci !) qui cette année a le profil de classe suivant :
TDAH : 2 / Autisme : 2 / trouble du comportement : 1 / Élèves très agités/nerveux : Plusieurs.
Une petite anecdote
J’ai dans mon entourage un petit garçon qui faisait des crises régulièrement, le plus souvent le soir, en rentrant de l’école. Quand la journée avait été trop… trop… trop tout. Trop de stress, trop de bruit, trop de monde, trop besoin de prendre sur soi. Le soir, il fallait que ça sorte, à la moindre occasion.
Il criait, pleurait, on ne pouvait plus lui parler, on ne pouvait plus lui demander d’aller se mettre au calme. Rien.
J’ai confié une boîte à calme à ce petit garçon. Nous l’avons remplie ensemble. Il l’a rangée précautionneusement dans un coin de sa chambre pour le jour où il en aurait besoin.
Il n’en a jamais eu besoin.
Il n’y a plus eu de crises.
Pourquoi ça a marché ? Peut-être le simple fait qu’on reconnaisse, qu’effectivement, parfois les journées à l’école sont difficiles à vivre pour lui… peut-être le simple fait de le verbaliser… quand on passe par les mots, on n’a plus besoin de passer par le corps / les cris.
Ce n’est pas toujours aussi simple, mais parfois, juste tendre une main vers l’enfant en montrant qu’on a compris son besoin et qu’on essaye d’y répondre, c’est déjà beaucoup.
Comment utiliser la boîte à calme ?
1ère étape :
En cas de crise ou de colère :
- L’adulte verbalise rapidement ce qu’il observe et l’émotion ressentie par l’enfant, par exemple : « Je t’ai entendu crier, je vois que tu es tout tendu, tu as l’air vraiment en colère. »
- L’adulte accompagne l’enfant vers la boîte à calme : « Tu sembles avoir besoin de te calmer. Prends le temps qu’il te faut et reviens dès que tu te sentiras mieux »
2ème étape :
Dès que l’enfant devient capable d’identifier lui-même les signaux qui annoncent une éventuelle crise (J’ai l’impression que je vais exploser, j’ai chaud, j’ai les poings serrés, j’ai envie de crier…) :
Il peut aller de lui-même à la boîte à calme afin d’éviter que la crise se déclare.
On peut choisir de la laisser accessible à tous les élèves ou de la réserver uniquement aux élèves qui en ont besoin.
Dans ce cas une petite discussion autour de l’affichette « Avoir pareil… ce n’est pas toujours juste ! » peut s’avérer utile :
Que mettre dans la boîte à calme ?
Si c’est pour une classe, mieux vaut varier les types d’objets pour que ça convienne au plus grand nombre. Si c’est pour un seul enfant, mieux vaut adapter le contenu à ses difficultés/attirances/besoins (En parler avec lui et/ou ses parents peut aider)
Quoi qu’il en soit, voici quelques idées d’objets qui pourront trouver leur place dans une boîte à calme (ou juste à côté) :
- Des objets à tripoter : Balles antistress à écraser (Apprendre à ressentir la détente après la contraction), fidget cube, balle à fils à étirer, balle sensorielle, ressort géant (type Ondamania), twist and Lock Blocks, tableau à clous, Tangles (Achetez la vraie marque de préférence, les copies ont tendance à accrocher), Serpents magiques, pâte à modeler, sable magique et fidgets en tous genres (Allez voir du côté de chez Hoptoys il y a de quoi faire)…
- Des objets à observer : Kaléidoscope (A large ouverture ou à 2 yeux si difficultés à fermer un œil), toupie, gyroscope, lampe à lave, Pendule de Newton, Hand spinner, boules à neige (Trousselier en fait de supers), objets lumineux, lampe à fibre optique (pour le côté tactile aussi), lampe méduse, cadre à sable, arbre à billes, sabliers en tous genres : liquides, à bulles, à gel, magnétiques…
- Des objets pour « faire quelque chose » : Jardin Zen, Minis mandalas à colorier de l’extérieur vers l’intérieur pour se recentrer (Les deux livrets de minis mandalas suivants sont bien adaptés car pas trop longs à colorier et thèmes bien adaptés : « Corps Zen » et « Cœur Zen ») …
- Des livres sur la colère (qui auront déjà été lus avant) : Des idées dans l’article suivant : Aider les enfants face à la colère : des livres et des astuces
Un aperçu du contenu de la boîte à calme de Cécile (Pas de panique, vous pouvez commencer avec beaucoup moins que ça)
Le coin du calme
Petite anecdote
Quand j’étais enseignante en CLIS (Avant qu’elles ne deviennent ULIS), j’ai travaillé avec un élève autiste qui se trouvait souvent en détresse dans le milieu scolaire.
Quand ça n’allait vraiment plus et que le surplus de stimulation devenait insupportable, je le retrouvais souvent réfugié dans l’atelier de ma classe. Il y avait deux grandes armoires de chaque côté d’un des angles de la pièce. Il ouvrait la porte de l’une des armoires pour fermer l’angle et s’asseyait par terre, dans ce petit espace, en position fœtale, les jambes repliées contre lui et la tête rentrée.
Il appelait ce lieu « la cathédrale ». Peut être à cause de la sensation de hauteur, peut être pour le calme relatif qu’il y trouvait. Quoi qu’il en soit, il en ressortait toujours apaisé.
L’idée est donc la suivante
Créer un coin-refuge, un endroit un peu isolé (mais toujours sous surveillance) qui favorise le retour au calme.
Quelques idées à adapter à vos besoins/possibilités
- Une cabane en carton, une tente, un tipi, ou tout autre abri (Le dessous d’une table recouverte d’une nappe ?), de préférence le plus neutre possible (Couleurs unies, apaisantes… ), agrémentés de matelas, tapis, coussins… pour le confort
- Un « ciel de lit« ou une grande pièce de tissu (voir ce qui se fait en pédagogie Steiner avec les pièces de soie) suspendus au dessus d’un tapis ou matelas avec quelques coussins peut également permettre une sensation d’isolement réparateur (Choisir une couleur apaisante : Bleu, vert, couleurs pastelles ou neutres… évitez le rouge quoi.)
- Une lumière agréable : Projecteur zen (vagues, aurore boréale, arc-en-ciel…), guirlande pour une lumière douce…
- Un pouf confortable (La sensation enveloppante aide beaucoup certains enfants), un coussin de méditation ou un fauteuil confortable (et adapté à la taille de l’enfant), oscillant ou à bascule si possible (permet un auto-bercement apaisant)
- Les fauteuils suspendus, peuvent aussi être une solution 2 en 1 : cachette + fauteuil
- Si vous avez un aquarium/terrarium, leur observation peut être apaisante. Installez le coin calme à côté.
- Une affiche avec des idées de petits exercices de Yoga/relaxation à faire seul
Le coin calme de ma collègue Cécile, en cycle 3 (Avec ballon d’assise, bonne idée ! Et sur le rebord de fenêtre : pâte à modeler et sable magique) :
Le coin défouloir
Effectivement, l’idée m’a traversé :
L’idée me paraissait bonne jusqu’à ce que je tombe sur une explication de Christophe André (Psychiatre et psychothérapeute) :
« Attention,
se défouler (crier ou frapper des objets) ne sert à rien,
Au contraire : toutes les études montrent que
cela muscle plutôt les circuits cérébraux de la colère,
et facilite ensuite son retour. »
Je vous laisse vous faire votre propre opinion.
Pour ma part, je pense que le coin défouloir peut peut-être être une option pour les enfants qui n’arrivent pas à se saisir du coin calme dans l’immédiat. Ça pourrait être un intermédiaire qui serait amené à être supprimé par la suite :
Colère non maîtrisée (Dans la classe/cour…)
–> Extériorisation de la colère dans un cadre adapté (Coin défouloir)
–> Colère maîtrisée, apaisement (Coin calme)
Ne vont-ils pas en profiter pour glandouiller ?
Et bien si, peut-être… au moins au début, le temps de la découverte, de la nouveauté…
Mais je vous fait confiance pour expliquer, détecter les abus, inciter à revenir au travail etc. Ce que vous faites déjà très bien pour la gestion des allers/venus au toilettes par exemple !
Hoptoys propose également une affiche à télécharger gratuitement pour les enseignants qui voudraient cadrer un peu tout ça :
L’idée de laisser un temps limité peut aider. Avec, bien sûr, la possibilité de prolonger si nécessaire.
Un peu de lecture pour aller plus loin
Côté enseignant
Un document très complet qui nous vient du Canada : Savoir accompagner un élève qui fait une crise de colère
Côté parents
(mais beaucoup de choses intéressantes à récupérer en tant qu’enseignant)
En septembre dernier est sorti un livre aux éditions Mango : Petit décodeur illustré de l’enfant en crise d’Anne-Claire Kleindienst et Lynda Corazza
Un véritable mode d’emploi de la discipline positive tout en images !
Structuré autour des apports de l’approche de Discipline positive, de Jane Nelsen, cet ouvrage en restitue la puissance novatrice tout en apportant une touche humoristique, une compréhension visuelle et un point d’entrée résolument centré sur l’intelligence émotionnelle. Élaborées pour les enfants hypersensibles (avec ou sans HPI, TDAH, TSA, DYS, etc.), les pistes proposées fonctionnent aussi pour tous les autres enfants.
Le cabinet des émotions : Aidez votre enfant à gérer ses colères: Exercices et outils pour apaiser et éviter les crises de Stéphanie Couturier
Une boîte à outils à l’usage des parents modernes pour aider son enfant à gérer ses colères !
Votre enfant se roule par terre en hurlant dans les allées du supermarché ? Il jette ses jouets et casse tout sur son passage ? Il vous parle méchamment et cela lui arrive de vous « taper » ?
Heureusement, le Docteur des émotions est là pour vous aider ! Découvrez dans ce petit cahier tous les outils nécessaires pour désamorcer et calmer ses colères :
Des explications pour mieux comprendre le problème. Des conseils pour rester bienveillant en toutes circonstances. Des outils pratiques pour évacuer les tensions. Des exercices de respiration pour l’aider à se détendre. Des textes de visualisation pour l’aider à se relaxer.
Faites de votre enfant un super-héros émotionnel !
Un autre petit livre avec des activités concrètes : 35 activités pour gérer colères et caprices de Gilles Diederichs
Sous forme de jeux, de vraies solutions pour apaiser tensions et conflits naissants. Les colères et les caprices, s’ils sont le cauchemar des parents, révèlent souvent des demandes fondées et compréhensibles. Les 35 activités ludiques de ce livre désamorcent les situations explosives et permettent de mieux communiquer, tout en s’amusant ! Pour chaque activité, deux parties distinctes :-à gauche, l’enfant lit les étapes du jeu et ses variantes -à droite, les parents découvrent les bienfaits apportés à l’enfant. Instaurez un climat de douceur et de paix pour toute la famille !
Et puis, dans les fameux cahiers d’Isabelle Filliozat, Colère et retour au calme
La colère, c’est la face immergée de l’iceberg ! Mais d’où vient-elle ? pourquoi est-elle normale ? et comment retrouver ton calme ?
Et vous ? Qu’est-ce qui apaise vos élèves / vos enfants / vos patients ?
Merci beaucoup pour toutes ces idées! Savoir réagir devant la crise d’un enfant, ce n’est pas inné, ça s’apprend! Et toutes ces pistes vont bien m’aider.
Bonjour merci pour cet article et les ressources 🙂 J’ai un élève qui répond par des crises à la frustration mais en attendant il ne veut pas faire tout le travail comme les autres. J’arrive à le mettre le plus possible sur les mêmes activités mais cela me coute beaucoup. Cet élève est très efficient. Je suis dévastée par ce qu’ils nous fait subir en classe et à l’école.