Aujourd’hui je vais vous parler d’enseignement explicite (ou pédagogie explicite) :
Qu’est-ce que c’est ? Comment s’en servir de manière efficace dans sa classe (En maternelle, en élémentaire, au collège…) ? Avec quels outils ?
J’ai rédigé cet article pour une collègue en demande d’aide pour un petit garçon de sa classe.
Il n’arrive pas à s’impliquer dans les apprentissages :
- Difficulté à entrer dans les activités.
- Méconnaissance de ce qu’il doit faire et de comment le faire
- Manque d’organisation
- Manque de confiance en soi
- Manque d’autonomie : Incapacité à travailler sans l’adulte à ses côtés
- A des compétences mais ne les utilise pas
- Démotivation
Il est là parce qu’il doit être là. Mais les apprentissages ne se font pas.
C’est un profil d’élève qu’on retrouve régulièrement dans les classes.
J’ai pensé qu’une approche par le biais de l’enseignement explicite pourrait l’aider (tout en étant utile à toute la classe, comme la plupart des adaptations qu’on peut proposer) . Je vous explique tout :
L’enseignement explicite. Qu’est-ce que c’est ?
C’est expliquer aux élèves comment faire pour bien faire…
… en rendant l’ensemble de son enseignement explicite :
– les démarches,
– les connaissances,
– les compétences,
– les étapes,
– les objectifs…
C’est dire concrètement aux élèves ce qu’ils doivent faire, certes, MAIS AUSSI comment, pourquoi, avec quels outils etc.
En effet l’implicite peut être néfaste aux apprentissages :
Même si certains élèves réussissent par eux-mêmes à trouver les processus permettant d’effectuer la tâche demandée,
D’autres n’y parviennent pas et se retrouvent en échec… ou ne font rien, paralysés par le vide qui s’ouvre devant eux.
L’enseignement explicite : pour quoi faire ?
- Pour lutter contre l’échec scolaire
Plusieurs recherches montrent que :
– l’école attend des élèves des compétences qu’elle n’enseigne pas et qui sont souvent construites que dans les milieux favorisés
– les méthodes d’enseignement structurées et directives (comme l’enseignement explicite) sont celles à privilégier auprès des élèves ayant un trouble d’apprentissage et à risque d’échec. C’est un moyen efficace pour réduire les inégalités scolaires. - Pour accroître la motivation et l’engagement des élèves dans la tâche en donnant du sens aux activités proposées.
Ils sauront maintenant pourquoi et comment faire leur travail. - Pour aller vers l’autonomie : Les aider à faire seul (comme le disait si bien Maria Montessori) en leurs donnant les bons outils pour travailler.
Ils pourront ainsi, petit à petit, apprendre de bonnes habitudes de travail et cheminer vers un travail autonome.
Comment enseigner de manière explicite ?
« Se détacher du faire pour se questionner sur l’apprendre » Christine Chaillol
Le point de départ clé : La passation des consignes.
Avant les ateliers en maternelle (en groupe classe ou en petits groupes)
Avant un travail individuel en élémentaire….
L’enjeu va être d’expliquer ce qu’il faut faire (jusque là pas de soucis)
Mais aussi et surtout comment le faire, pourquoi, avec quelles stratégies etc.
Ceci peut passer par ce genre de questionnement :
- Qu’avez-vous fait la semaine dernière ? (quand il s’agit de la poursuite d’un travail déjà amorcé)
- Qu’allez-vous devoir faire ?
- Comment allez-vous faire ?
- De quoi allez-vous avoir besoin ?
- Qu’allez-vous faire en premier ? Et ensuite ? (Quelles étapes ?)
- A quoi cela va-t-il servir ?
- Qu’allez-vous apprendre ?
- Que veut dire …. (mot de vocabulaire nécessaire à la compréhension de la consigne) ?
- Comment allez vous vérifier votre travail ?
- Comment savoir que vous avez réussi votre travail ?
Il s’agit de faire surgir la métacognition le plus souvent possible : Réfléchir à ses propres pensées, Apprendre à apprendre…
Pour résumer il s’agit d’expliciter :
- Le pourquoi : explicitation des finalités de la tâche (apprentissages visés, par exemple)
- Le comment : explicitation des procédures, stratégies ou connaissances à mobiliser pour traiter la tâche.
Le challenge : réussir à être clair, net et concis pour caser le strict nécessaire en 5/10 minutes sinon on perd tout le monde.
On sélectionne donc quelques questions uniquement.
Mais attention : on ne peut pas tout expliciter avant même que les problèmes ne se posent… d’où l’intérêt de passer tout de suite à la suite :
Pendant l’activité
Les questions proposées ci-dessus peuvent être reposées aux élèves qui en ont besoin, en situation, en cours d’activité.
J’utilise souvent la question : « Comment fais-tu ? » qui incite les enfants à expliciter eux-mêmes leurs procédures.
On peut aussi les encourager à penser à voix haute (C’est le « Think aloud » de la littérature anglo-saxonne)
Si on le juge pertinent, il est très intéressant de suspendre l’activité pour tous les élèves ou une partie, au bout de quelques minutes,
pour expliciter les stratégies efficaces (Untel a utilisé tel outil de telle manière, unetelle a commencé par… avant de… etc.),
et éventuellement réorienter la tâche.
Bilan de l’activité
Une fois l’activité terminée, un bilan court mais efficace est très profitable.
C’est le moment où on passe du réussir (je l’ai fait) au comprendre (j’ai appris)
Quand on demande aux enfants de s’exprimer sur le travail qu’ils viennent d’effectuer, ils feront naturellement le bilan de ce qu’ils ont FAIT.
A nous de les inciter à faire ressortir ce qu’ils ont APPRIS :
- Qu’avez-vous appris ?
- Que faut-il retenir ?
- Comment écrire ce que vous avez appris dans le classeur des savoirs (ou autre) ?
Ceci leur permettra d’emmagasiner un nouveau savoir général qui pourra être réinvestit dans d’autres situations de classe.
A ce sujet, l’article suivant pourrait vous intéresser : Apprendre comment j’apprends grâce au bilan de fin de séance
Quand l’explication orale ne suffit pas
Pour certains enfants (surtout en maternelle mais pas seulement), le questionnement proposé ci-dessus ne suffit pas.
La voie orale collective n’est sans doute pas assez efficace pour eux : « encore du blabla ».
Voici 2 alternatives à envisager :
1. Le modelage
L’enseignant exécute la tâche devant les élèves en :
- Décrivant précisément ce qu’il fait pendant qu’il le fait,
- Formulant à voix haute ce qu’il se serait dit dans sa tête.
Le but est de rendre explicite tous les raisonnements intuitifs.
2. Le sas d’entrée dans l’activité
C’est un lieu de travail intermédiaire entre la passation des consignes et le travail autonome.
Plus d’infos ici :
Aider les élèves à se mettre au travail : Le Sas d’entrée dans l’activité
Des outils clé en main
Certains ouvrages proposent des séances toutes prêtes avec une volonté forte d’enseigner de manière explicite les stratégies permettant de réaliser les tâches demandées.
Ça peut être une bonne solution pour entrer facilement dans ce type de fonctionnement avant de pouvoir l’appliquer dans tous les domaines.
Pour se lancer, le cadre rassurant des petits groupes d’APC peut aussi être mis à profit. On peut, par exemple, profiter d’une séance d’APC pour préparer une séance à venir en classe, en explicitant clairement les connaissances préalables sur lesquelles s’appuyer, les étapes et stratégies à suivre, le savoir visé etc.
Bref, revenons en à ces fameux ouvrages. Je vous conseille sans hésiter une seule seconde ceux de Roland Goigoux et Sylvie Cèbe :
Narramus (de la PS au CP)
Compréhension et expression orale.
J’ai écrit un article à ce sujet ici : Aider les élèves à : comprendre en racontant / raconter en comprenant avec ou sans Narramus
Lectorino Lectorinette – Apprendre à comprendre les textes narratifs (CE1-CE2)
Compréhension de textes entendus
Lectorino & Lectorinette est un outil didactique qui permet un enseignement explicite et progressif de la compréhension de textes narratifs, au CE1 et au CE2, enseignement au coeur des problématiques de la lecture.
En 6 modules ( 36 séances d’enseignement), il se donne 4 priorités :
l’automatisation du décodage et la fluidité de la lecture à haute voix ;
l’augmentation du vocabulaire en réception et en production ;
le développement des compétences narratives en réception (apprendre à construire une représentation mentale de l’histoire) et en production (apprendre à raconter) ;
la compréhension de l’implicite à travers des activités systématiques de reformulation (inférences permettant de suppléer aux blancs du texte) et d’explicitation (centrées sur les états mentaux des personnages).
Cet ouvrage est conçu comme un vrai guide pédagogique détaillé très pratique (les séquences sont présentées sous la forme de fiches de préparation de séance) et méthodologique (mise en perspective de la pratique, développements didactiques et pédagogiques).
Compréhension de textes lus
Un ouvrage de référence de Sylvie Cèbe et Roland Goigoux pour apprendre à vos élèves à comprendre les textes narratifs qu’ils lisent, au-delà du simple déchiffrage. Cycle 3 et SEGPA.
Lector & Lectrix Cycle 3, vous est ici proposé dans une nouvelle présentation.
Les programmes 2016 ont conforté les choix didactiques et les contenus de cet ouvrage qui, de ce fait, y est conforme, comme le précisent les pages d’introduction.
Ce qui fait la force de cette nouvelle édition est sa nouvelle mise en page, un vrai atout pour les enseignants qui s’en équipent aujourd’hui. Elle permet un accès simplifié au contenu qui est beaucoup plus aéré et structuré, ce qui rend l’utilisation de l’ouvrage très agréable.
Lector & Lectrix Cycle 3, outil didactique innovant et clé en main, est un ouvrage de référence pour les enseignants de CM1, CM2 et 6e. Conçu par Sylvie Cèbe et Roland Goigoux en collaboration avec une centaine d’enseignants et publié depuis 2009, il permet enseignement explicite et progressif de la compréhension de textes narratifs.
Grâce à Lector et Lectrix Cycle 3, les élèves apprenent que la lecture ne se réduit pas au déchiffrage des mots et qu’elle repose sur un processus actif de construction de représentations mentales, qu’ils sont entrainés à élaborer pas à pas.
Ils sont incités à aller au-delà de ce que le texte dit explicitement, en mobilisant toutes leurs connaissances. Ils apprenent aussi à reformuler et à mémoriser les idées principales en se focalisant sur les personnages, leurs actions et surtout leurs pensées : leurs intentions, leurs sentiments et leurs rausonnements.
Au terme d’un enseignement intensif, étroitement guidé par leur enseignant, les élèves deviennent progressivement capables de réguler leur compréhension.
Les 7 séquences (22 séances) sont organisées selon des objectifs progressifs à atteindre :
rendre les élèves actifs et capables de réguler leur lecture ;
les inciter à construire une représentation mentale de l’histoire ;
réduire la complexité du texte ;
apprendre à ajuster ses stratégies aux buts fixés.
Lector & Lectrix Cycle 3 se présente sous la forme d’un guide pédagogique détaillé, très pratique (les séquences sont présentées sous la forme de fiches de préparation de séance) et méthodologique (mise en perspective de la pratique, développement des principes didactiques et pédagogiques)
Le seul éditeur, à ma connaissance, à avoir sorti des manuels basés sur la pédagogie explicite.
Je ne les ai jamais eus entre les mains mais les retours des enseignants qui se sont lancés sont positifs.
Une démarche où l’enseignant commence la leçon en donnant aux élèves les connaissances utiles et en expliquant la stratégie à mettre en oeuvre pour acquérir une compétence. L’apprentissage est basé sur la répétition ainsi que sur le rebrassage pour une mémorisation pérenne.
Bibliographie
Si vous souhaitez avoir des explications plus détaillées, voici mes sources de prédilection sur le web :
«Enseigner plus explicitement» un dossier ressource de 20 pages du centre Alain Savary pour tout savoir à ce sujet
« Enseigner plus explicitement – situation et gestes professionnels au quotidien » : Dossier issu d’un groupe de travail, piloté par le bureau de l’éducation prioritaire de la DGESCO :
« L’enseignement explicite au cycle 1 » CANOPÉ Académie d’Orléans-Tours :
On y trouve une série de vidéos qui permettent de voir concrètement comment mener un enseignement explicite dans une classe de maternelle.
Et vous ? Vous utilisez l’enseignement explicite ? Comment ?
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