Quand l’association lettre/son (Visuel/Auditif) a du mal à s’installer, il peut être utile de passer par le biais d’un autre sens. Aujourd’hui : l’odorat (oui oui, je vous assure !)
La mémoire et l’odorat
Selon Régine Zekri-Hurstel (L’alphabet des cinq sens), le taux de rétention après 1 an de la mémoire visuelle est de 3%. Pour la mémoire auditive : 5%. Pour la mémoire du gout, du toucher et du mouvement : 45% et enfin, pour la mémoire olfactive, 90%. J’ai ai fait une affiche pour rendre la chose plus facile à comprendre du 1er coup d’œil :
Télécharger « Maitresseuh – Mémoire taux de rétention.pdf »
Comment associer lettres et odorat
C’est la lecture de l’Alphabet des cing sens qui m’a donné l’idée d’utiliser des feutres et crayons parfumés pour mes ateliers de lecture multisensorielle.
On associe les lettres à une odeur (V comme vanille, P comme pomme, R comme réglisse ou rose…)
Dans l’idéal j’essaye de donner à sentir aux enfants des odeurs plus naturelles (de vrais fruits épices ou fleurs, des huiles essentielles avec toutes les précautions qui s’imposent…) et on en profite pour goûter ! Mais j’avoue que les feutres et crayons c’est pratique, non périssable et toujours dispo !
Pour faciliter la mémorisation, on prend le temps de discuter, d’échanger. Quelle odeur ça nous rappelle (le chocolat chaud du p’tit dej, la tarte aux pommes de Mamie Lucette, le linge qui sent la lessive à la lavande quand on le sort de la machine à laver…). C’est le concept de la Madeleine de Proust. Plus d’infos dans mon mémoire de CAPA-SH sur une approche multisensorielle de la lecture :
Automatiser la relation lettre / odeur
Après cette première entrée en matière, je laisse les élèves tracer les lettres avec leur « outil odorant » le nombre de fois qu’ils veulent, en grand, en petit, avec ou sans lignes… les sentir, bien sûr… mais toujours en prononçant le son associé et/ou en verbalisant le tracé. Ce travail vient généralement après une première manipulation avec les lettres rugueuses, les bacs à sable à tracer etc.
Avec nos feutres, on invente parfois des « lettres déguisées » à l’image du fruit (ou fleur ou autre) adéquat… En reprenant l’idée de Godeleine de Rosamel dans Dessine avec des lettres
Voilà ce que ça peut donner pour le l de lavande, le a de ananas, le b de banane… mais les enfants ont souvent de chouettes idées et la mémorisation est meilleure quand l’idée vient d’eux.
Ça permet de se créer une image mentale favorisant l’accès au son de la lettre quand on la voit.
Pour un travail plus conventionnel, les feutres peuvent aussi être utilisés pour des fiches d’écriture traditionnelles.
En prolongement, je fabrique aussi de la pâte à modeler parfumée qui nous sert à former les lettres, toujours en prononçant leur son (Vive la multisensorialité !). Je ferai un article à ce sujet dès que possible.
Les limites de ce projet
Bon, j’avoue, toutes les lettres n’ont pas d’odeur ! Pas grave, elles seront travaillées sous un autre aspect, par le biais d’autres ateliers. Et puis l’étude systématique de chaque lettre n’est pas nécessaire dans le cadre d’une remédiation. En général je sélectionne les plus fréquentes dans la langue française. Les autres s’acquièrent ensuite par imprégnation (plus d’infos dans mon mémoire)
Des bases pour commencer
Je partage avec vous un de mes documents de travail, dans lequel j’ai recensé pour chaque lettre :
– Les référents olfactifs et gustatifs qui peuvent être utilisés,
– Les feutres ou crayons correspondant existants,
– Les ingrédients qui peuvent être utilisés pour la confection de pâte à modeler olfactives
– Les éléments à goûter
Doc non exhaustif, donnez moi vos idées pour compléter si vous voulez.
Télécharger « Maitresseuh – Associations lettres goûts odeurs.pdf »
Les feutres et crayons parfumés
Enfin, voici les outils que j’utilise (ou ai utilisé) :
Des crayons parfumés, Scentos ou Sketch and Sniff :
Des stylos parfumés, Scented pen fruity ou Bic:
On peut aussi utiliser les petites boîtes odorantes du loto des odeurs :
Ou, pour le goût, les dragées à sucer du loto des saveurs :
Pour aller plus loin…
Suite à cet article, quelques avis et témoignages de parents et enseignants recueillis sur le groupe « Dyscussions Parents Professeurs » sur Facebook :
« Quelle bonne idée. J’ai travaillé sur le même principe pour la reconnaissance d’images avec des élèves autistes non verbaux en IME. Et ça a très bien marché. » Flo
« Cette méthode utilise une singularité neurologique très fréquente chez les des Dys, la synesthésie. » Dominique.
Un article très complet et intéressant à lire sur ce sujet sur le site du projet Synesthéorie
« Wouah je ne savais pas que cette méthode existait ! Pour l’avoir pratiquée avec mon fils quand il était plus petit, je confirme que cela l’a beaucoup aidé car il a un odorat très développé (voir hors norme) et il faisait beaucoup de confusions de sons. Nous avons utilisé les feutres, les pâtes à modeler, les feuilles de papiers, les cartons différents etc… Et quand on a la chance d’être à la campagne, à la mer, on utilise la nature, notre environnement. L’association à une odeur, à une image puis ensuite un mot c’est de l’ordre du magique surtout pour un enfant dyslexique/dysorthographique. » Valérie
Et vous, vous la sentez comment cette approche ?
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