Certains élèves de CP, CE1 (voire plus parfois) ont du mal à passer à une automatisation de la lecture. Chaque syllabe est re-déchiffrée à chaque fois. La reconnaissance directe et globale ne se fait pas :
- Niveau de compet‘ : Je vois LAPIN –> Je dis et je pense LAPIN
- Niveau intermédiaire : Je vois LA –> Je dis LA ; Je vois PIN –> Je dis PIN ; –> Je pense lapin
- Niveau “C’est la galère” : Je vois L –> Je dis LLL ; Je vois A –> Je dis A ; Je vois P –> Je dis P’ ; Je vois I –> Je dis III ; Je vois N –> Flûte, IN ça fait quoi déjà ! Ah oui IN ! ; Euh… j’avais dis quoi avant ? Pfff…. j’ai rien compris.
Pour aider ces élèves là, j’utilise les tables ou gammes de lecture qui permettent un travail efficace d’imprégnation syllabique.
Les tables ou gammes de lecture, pour quoi faire ?
J’explique aux élèves qu’en mathématiques on apprend les tables d’addition ou de multiplication pour calculer plus vite et plus facilement. En lecture on travaille avec les tables de lecture pour lire plus vite et plus facilement. (Même la tête en bas : voir couverture du livret !)
Comment ça marche ?
Le principe :
- On travaille d’abord avec des syllabes,
- Qu’on utilise ensuite pour former des mots,
- Puis des phrases.
Une progression très bien faite : Du plus facile au plus difficile. L’élève n’a jamais à lire quelque chose qu’il n’est pas capable de lire. C’est motivant, et ça rebooste la confiance en soi.
Jusqu’à maintenant, j’ai toujours utilisé les tables de lecture de la Petit Souris. J’imprime le livret du site et j’ajoute des couvertures maison imprimées sur du bristol coloré. Je relie les livrets avec un Ibico. (Pas de plastique transparent pour la couverture. Je trouve que c’est bien assez solide avec du bristol, moins cher et plus écologique)
Couverture, page explicative et sommaire pour marquer sa progression à télécharger ci-dessous :
Télécharger « couv tables de lecture.pdf »
J’ai découvert il y a quelques temps, les gammes de lecture de “Mais que fait la maîtresse ?”
Double avantage sur la petite souris :
- La possibilité d’aborder certaines difficultés spécifiques : les confusions de sons p/b f/v etc, les consonnes doubles br/cr/dr etc
- Un espace réservé pour noter son temps de lecture à chaque séance.
Double inconvénient :
- Tous les sons ne sont pas abordés. Non utilisable avec un lecteur vraiment débutant.
- Pas de phrases, seulement des syllabes et des mots
Qu’est-ce qu’on fait avec ?
Pour rendre le tout un peu plus ludique et motivant, je varie les activités au grès de mes envies et des besoins des élèves. Quelques exemples :
Les Jetons
On gagne des jetons quand :
- On lit correctement une ligne entière, une colonne, une phrase….
- On a fait des efforts, même s’il y a une/des erreur(s)
- On a réussi à s’auto-corriger
- On a réutilisé une technique découverte précédemment…
En fait les jetons quantifient le travail fourni.
En fin de séance on dessine sa pile de jeton dans un histogramme (enfin, en général c’est moi qui le fait parce que c’est pas simple). Et on ne compare pas sa pile de jetons avec celle des autres mais avec notre propre pile de la séance précédente. Le but étant, bien sûr de faire de mieux en mieux.
En général la progression est assez impressionnante et ils sont très fiers de cette belle courbe qui monte.
J’utilise des jetons dans ce genre :
On en trouve souvent dans les placards des écoles mais aussi par exemple sur Amazon. Et puis sinon, on peut bien prendre ce qu’on veut (des haricots secs, des petits cailloux…) mais j’aime bien la symbolique de la pile de jetons qui monte de séance en séance.
Jeu du “premier qui trouve”
Le premier qui trouve telle syllabe ou tel mot a gagné (un jeton ou juste le plaisir d’avoir gagné)
Ou mieux, je lance un défi : vous avec 3 secondes pour trouver telle syllabe. Et je décompte : 3 – 2 – 1 – 0 ! (Tout le monde a la possibilité de trouver, pas de compétition)
Lecture à double voix
Il s’agit de lire avec un (ou plusieurs) camarade(s) d’une même voix, exactement au même rythme, à l’unisson. Il faut écouter l’autre, s’adapter à son rythme. Ne pas aller trop vite. Essayer de ne pas se perdre les uns les autres.
Les élèves peu sûrs d’eux sont rassurés et peuvent se raccrocher à la voix de leurs camarades.
Lecture partagée
Chaque élève lit à voix haute un mot chacun son tour (même pour les phrases, c’est amusant).
Ca permet de travailler l’attention et pour les élèves qui n’ont pas trop confiance en eux c’est rassurant de lire avec le soutien des autres et de n’avoir qu’un mot à lire à la fois.
Top Chrono
- On se chronomètre sur la lecture d’une liste de mots ou de phrases. Une première fois. On note le temps.
- Puis les autres élèves passent. (Pas de comparaisons entres élèves, ils le savent, je prends le temps d’en parler avant de commencer le projet sur les tables de lecture).
- Chacun identifie ce qui lui a posé problème lors de la première lecture. Avec l’aide des camarades, on cherche des solutions pour contourner ces difficultés.
- Ensuite, je les chronomètre sur une seconde lecture. Le but étant de battre son propre record (Ca marche presqu’à chaque fois) et aussi de se rendre compte que de relire 2 fois permet : une lecture plus rapide, plus efficace et une meilleur compréhension car l’attention est libérée.
- Parfois on se re-chronomètre sur d’anciennes pages quelques semaines après. Quel plaisir de voir qu’on est devenus beaucoup plus rapide.
Le Son cible
On ne lit que les syllabes ou mots dans lequel il y a tel son. (Je choisis pour chaque élève un son qui est un peu difficile pour lui)
Lecture en couleur
Quand un son pose vraiment problème pour un élève, on lui choisit une couleur : Par exemple le “b” en bleu parce que ça commence pareil ou le “s” en vert parce que ça fait penser au serpent vert des alphas… le choix se fait avec l’élève concerné, en fonction de ce qui lui parle le plus.
L’élève le colorie à chaque fois qu’il le rencontre.
Quand on passe à la page suivante, on essaye sans coloriage. Si la difficulté persiste, on le colorie de nouveau.
En général au bout de quelques pages, plus besoin de passer par la couleur. (Je les incite à voir la couleur dans leur tête quand ils rencontrent la lettre, même si elle n’est pas colorée)
1000 voix
On lit et relit plusieurs fois les mots/phrases avec une grosse voix d’ogre, une petite voix de souris ou une drôle de voix de canard.
Et pour finir…
– On complète le travail avec les tables de lecture par un travail avec des lettres mobiles. (Carrés de bristol avec sons écrits en script). Je vous raconte ça une autre fois…
– Enfin, surtout, on ne reste jamais trop longtemps sur la même page, pour éviter l’apprentissage par coeur. Ce n’est pas le but.
Certaines idées me sont venues suite à une discussion avec une collègue maîtresse E de mon département et d’autres grâce à la lecture de ce super petit livre : 100+ idées pour venir en aide aux élèves dyslexiques de Gavin Reid et Shannon Green
Et vous ? Vous avez des astuces pour favoriser l’automatisation en lecture ?
Vous utilisez les tables de lecture ? Comment ?
0 commentaires