Mon fils écrit gros et lentement… et il déteste écrire ! On a cherché des solutions ensemble et on a trouvé le Brain Gym. Alors on partage ! (Surtout qu’on n’a pas trouvé grand chose en français sur Brain Gym / écriture sur internet)
Le huit couché de l’alphabet nous permet de travailler :
- La fluidité d’écriture
- l’automatisation du geste
- le sens d’écriture
- la mobilité des doigts
- la discrimination des lettres proches
- la continuité du tracé
- et tout un tas d’autres choses !
Le Brain Gym qu’est-ce que c’est ?
C’est un ensemble de mouvements qui aident à :
- l’apprentissage
- l’organisation
- la concentration
Comment ça marche ?
Le cerveau comporte deux hémisphères, le droit et le gauche, réunis par un amas de fibres nerveuses: le corps calleux.
Par des mouvements ciblés, le Brain Gym permet aux deux hémisphères cérébraux de travailler simultanément, pour améliorer sa capacité d’apprendre. Ils libèrent des blocages, stimulent et améliorent les fonctions cérébrales et le sens de la perception.
C’est bien sérieux ton truc ?
Certains pensent que oui, d’autres que non… pensez ce que vous voulez.
Mais peu importe parce que là, on va s’en servir pour aider les élèves qui rencontrent des difficultés en écriture et que la gestuelle leur apportera forcément quelque chose.
Je vous explique tout ça plus bas, avec toute une série de séances clé en main.
Pour s’approprier le mouvement
Tracés en l’air :
L’enfant trace un huit couché (signe de l’infini) en l’air, en partant du centre, en direction de sa gauche (très important pour le sens de l’écriture par la suite)
- D’abord avec le pouce gauche
- Puis le droit
- Puis avec les deux mains jointes, pouces croisés
Et, très important : toujours en suivant du regard son pouce et ses mains.
En effet, on travaille notamment l’attention visuelle, et la motricité oculaire… qui seront utiles pour la lecture également.
Faites le test : lisez quelques lignes de n’importe quel texte. Faites cet exercice puis relisez les mêmes lignes. Nos yeux semblent balayer le texte de manière bien plus efficace et rapide.
Dans la vidéo suivante :
pour le pouce gauche, c’est raté : l’attrait de la caméra a fait que les yeux étaient ailleurs !
Et l’étape de maîtrise suivante serait de le faire sans bouger la tête (et le reste du corps !)
Pour les enfants qui ont des difficultés à intégrer le mouvement au départ, on peut tracer le huit couché sur un tableau, placer l’enfant à quelques mètres de celui-ci et lui demander de superposer son pouce au milieu du huit du tableau (on vise !) et de le déplacer en suivant la ligne. On suit toujours son pouce du regard.
On peut également aider les enfants à s’approprier le huit de l’infini avec un huit en bois :
L’enfant le tient avec une main de chaque côté et fait circuler la bille. Ou, si c’est trop difficile, il peut aussi faire le circuit du bout de son doigt.
L’ECAP a d’ailleurs fait une super brochure expliquant comment utiliser cet outil : Huit de l’infini… infinies possibilités…
Tracés réels
On peut ensuite faire le même tracé sur :
- Un plan Vertical (tableau ou grande feuille au mur)
- Puis un plan horizontal (dans un bac de sable posé sur une table, sur une feuille…) :
- D’abord en grand (on explique bien à l’enfant que là c’est le bras qui se déplace parce qu’on le fait en grand mais que quand on écrit pour de vrai, le bras ne bouge pas),
- puis en petit (Main et bras bien posés sur le support, c’est les doigts qui travaillent.) C’est l’occasion pour l’enfant de bien voir ses doigts bouger, de le ressentir, pour ensuite l’appliquer à l’écriture. (C’est le principe des yoyos et des gribouillons dont j’ai parlé dans l’article Bien bouger ses doigts et son bras pour bien écrire)
On l’applique aux lettres de l’alphabet
C’est ce qu’on appelle le huit de l’alphabet.
On va inscrire chaque lettre de l’alphabet dans le huit couché :
- Les lettres de type alpha, comme le a, s’inscrivent dans la partie gauche du huit (c’est les lettres rondes, en vert sur mon affiche).
- Les lettres de type beta, comme le b, s’inscrivent dans la partie droite (lettres bleues).
Télécharger « Affiche Le huit de l’alphabet.pdf »
On les trace d’abord en l’air, on passe par le corps, ça aide à s’approprier les tracés et à les encrer dans notre mémoire kinesthésique. Et puis, ça aide les élèves réfractaires à l’écriture à entrer dans l’activité (ça ne ressemble pas vraiment à de l’écriture, n’est-ce pas ? 😉 )
On accentue bien les tracés (la grande descente verticale de la canne du a par exemple), on les verbalise (je monte, je tourne vers la gauche, et je descends !), et on fait un sorte que les lettres soient bien tracées d’un seul geste (sauf bien sûr pour celles qui ont une barre ou un point à rajouter).
On peut aussi le faire les yeux fermés, pour favoriser la création d’images mentales des lettres.
Si on a passé assez de temps à faire des huit couchés avant, le sens des lettres vient tout seul. Pour les enfants qui tournent les lettres rondes à l’envers par exemple, c’est super.
On passe ensuite au plan vertical, sur un tableau par exemple.
On reprécise bien que là, c’est spécial, on écrit sur un tableau donc on ne pose pas sa main et les doigts ne bougent pas…
On laisse l’enfant faire autant de huit qu’il le souhaite avant de se lancer dans la lettre…certains ont besoin de plus de tours de préparation que d’autres. Et puis le même enfant peut faire plus de tours sur les lettres qui lui posent problème (bon indicateur à observer).
Même si on n’est encore qu’à l’échelle de la lettre, le tracé des huit permet déjà de comprendre le mouvement cursif, continu, qui s’arrête le moins souvent possible.
On peut ensuite passer sur un plan horizontal, par exemple tout l’alphabet sur un seul grand huit, sur une grande feuille au fusain. Pour une entrée multisensorielle c’est parfait, le fusain crisse bien sur le papier : on associe le geste, l’aspect visuel et le son. Choisir de préférence des fusains tendres qui marquent facilement.
Et là encore, les petits artistes réfractaires à l’écriture seront curieux d’essayer.
Et puis on passer au papier, plus classique, en grand…
On peut en profiter pour trier les lettres dans un grand huit couché.
Les lettres de type alpha dans la partie de gauche, les lettres de type beta dans la partie de droite. (Mon petit cobaye a souhaité mettre les lettres qui ont un trait vertical descendant au milieu, je l’ai laissé faire, j’ai trouvé ça assez logique en fait)
Télécharger « Affiche Le huit de l’alphabet tri.pdf »
Cette étape permet à certains enfants de ne plus confondre le b et le d par exemple, si on prend soin de refaire l’exercice en traçant les lettres en script… ils ne sont pas dans le même partie du 8.
Et puis le fait de passer par la gestuelle permet de contourner le visuel qui est source de confusions. Il en va de même pour d’autres lettres (p et q…)
On peut ensuite passer en petit, un huit pour chaque lettre (ou pas…) en prenant soin de bien poser sa main et de faire en sorte que ce soit les doigts qui guident le mouvement.
Voilà. Ce sont les idées que nous avons eues, mais soyez inventifs et créatifs !
Ajout du 22/10/16
Pour s’approprier le huit de l’infini, on peut mener un travail plus global en parallèle : Le parcours de l’infini. Utile aussi pour les enfants qui ont du mal à s’approprier le geste. Le vivre avec tout son corps peut être plus facile.
Il nous est présenté ci-dessous par l’ergothérapeute Josiane Caron (Elle a également rédigé un article à ce sujet sur son site).
Ce qui est intéressant c’est que là encore, on peut facilement faire le lien avec la lecture, l’écriture… dans une approche multisensorielle. Je ne l’ai pas encore testé mais j’envisagerais bien les cibles visuelles suivantes (par niveau de difficulté) :
– Des planches d’images catégorisées par leur son initial : Pour une première approche des associations lettre/son
Celles du blog « Il était une fois la classe d’Eowin » me paraissent pas mal pour cet usage :
– Des planches de lettres à nommer, comme dans la vidéo : Nom des lettres et/ou sons associés
Pour aller plus loin
Pour comprendre le principe et construire mes séances, je me suis beaucoup aidée du livre « Brain Gym, le mouvement, clé de l’apprentissage », écrit par le créateur du Brain Gym : Paul DENNISON. (Merci les éditions Le Souffle d’Or !) Il est très complet, pas trop cher, avec plein d’infos concrètes sur les exercices à mener, pourquoi, pour qui, dans quel but… un bon déclencheur pour débuter. (Plus d’infos en cliquant là-dessous)
Brain Gym, le mouvement, clé de l’apprentissage, Paul et Gail DENNISON
J’ai aussi à la maison « Kinésiologie pour enfants » du même auteur, depuis assez longtemps, mais il ne m’avait pas permis de me lancer, pas assez d’explications… mais pas mal comme mémo quand on a déjà des bases (ou pour les illustrations qui sont super pour faire des affiches ou des cartes pour la classe)
Et puis, j’ai pas mal navigué d’un site ou d’une vidéo à l’autre sur internet… essentiellement des sources anglophones, peu de choses en français…et puis beaucoup en écriture script. J’ai fait le choix de la cursive parce que c’est l’écriture qu’on enseigne dans les écoles françaises. Le débat reste ouvert sur la question.
Pour info, j’avais déjà rapidement parlé du Brain Gym à propos des tables de multiplication. Et oui, ce cher huit couché sert AUSSI à ça !
Je vous laisse inventer d’autres exercices, d’autres alternatives… et nous en faire part dans les commentaires !
Ça peut servir
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Merci beaucoup pour l’explication très claire de cette démarche. Je vais me lancer à utiliser le 8 couché avec des élèves de CP et CE1 pour qui l’écriture n’est pas aisée!