Dans la vie de la classe on a souvent besoin de découper : des étiquettes-mots, les éléments d’une maquette, un patron de solide etc.
Mais pour ceux qui ont des difficultés pour découper (Quelle que soit la raison : difficultés en motricité fine, dyspraxie, handicap moteur…), c’est un sacré problème :
- Ils commencent systématiquement leur travail avec un temps de retard par rapport aux autres.
- Ils ont déjà épuisé une bonne partie de leur stock de patience et de concentration avant même d’entrer dans la tâche.
Une solution peut être de :
- Leur donner le matériel déjà découpé (ou pré-découpé) quand on sait qu’ils auront une autre tâche à exécuter derrière
- Leur proposer des ateliers de découpage adaptés à leur niveau à un autre moment.
Je vous explique tout ci-dessous :
Le choix des ciseaux
- Des ciseaux qui coupent bien : indispensable.
- Des ciseaux de gaucher pour les gaucher : indispensable.
(Si vous êtes droitier : essayez de découper de votre main gauche avec des ciseaux de droitier et vous comprendrez vite le problème). - Pour certains enfants, il peut être intéressant de leur proposer des ciseaux adaptés :
Des ciseaux à ressort en plastique par exemple qui permettent de faire une économie de geste : il suffit de presser pour découper et les ciseaux s’ouvrent à nouveau automatiquement.
Ou des ciseaux munis d’une grande boucle afin de pouvoir y placer un doigt supplémentaire pour pouvoir l’ouvrir et le fermer plus facilement et avoir plus de force.
Ou 2 grandes boucles ET ressort :
On en trouve de toutes sortes chez Hoptoys ou Wesco. Mais dans les gros catalogues de matériel de bureau destinés aux enseignants (Pichon, Majuscule…), il y en a aussi quelques modèles parfois.
Pour vous aider à faire votre choix vous pouvez regarder la capsule vidéo l’ergothérapeute canadienne Josiane Caron Santha
Bien tenir ses ciseaux
Une bonne astuce en vidéo qui nous vient toujours de Josiane Caron Santha :
Quoi qu’il en soit, il faut toujours rester vigilent sur :
- la verticalité des lames,
- une coupe franche, sur toute la longueur des lames,
- la position du papier, proche de l’axe des ciseaux,
- l’ouverture de la main qui coupe,
- le rôle de la main qui tient,
- le rôle de la main qui guide,
- le fait qu’on coupe toujours vers le haut et qu’il faut donc faire tourner le support et non la main qui coupe,
- les angles d’attaque lors du découpage d’un tracé,
- la façon de faire pivoter le support lors des découpages complexes, lames ouvertes et au plus près de l’axe des lames.
(Plus d’infos dans l’article du site maternelle de l’académie d’Aix-Marseilles)
Enfin, les ateliers
On peut commencer par un atelier de découpage de pâte à modeler, demandant moins de pression et de précision que le découpage du papier.
(Bien sur, si on pense que c’est trop simple on passe tout de suite aux étapes d’après)
Pour plus d’infos, je vous laisse aller voir l’article sur le blog de Merci Montessori qui est parfait.
On peut ensuite passer à la ficelle, à la laine ou au raphia (Un peu plus compliqué à mettre en place en classe car il faut un adulte avec l’enfant… mais avec ATSEM, AVS ou même un camarade c’est tout à fait jouable.)
L’article de Merci Montessori est par là.
Après, on peut passer aux bandes de papier avec une progression bien étudiée. Les premières bandelettes ne doivent pas être trop larges pour pouvoir être découpées d’un coup de ciseau (à adapter en fonction des ciseaux). Sur les premières on peut ne pas mettre de trait. Puis seulement des lignes droites, puis brisées, puis courbes etc. On peut aussi lors d’une étape intermédiaire, proposer des bandes plus larges qui nécessiteront 2 coups de ciseaux, puis plus… bref, on adapte en fonction des capacités et des progrès de l’enfant.
Je vous renvoie encore à un article de Merci Montessori, qui précise bien les caractéristiques que doivent avoir les bandelettes (papier ni trop fin ni trop rigide etc.) et comment présenter l’atelier aux enfants.
Concernant le papier :
Au début, vous pouvez utiliser :
- couvertures de magazines
- bristol
- cartoline
- emballages ondulés (étuis de biscuits) qui guideront l’enfant pour une découpe droite…
Au fur et à mesure que le geste se fera plus sûr, les supports pourront s’alléger et les élèves pourront découper des feuilles de 80 grammes ou des pages de magazine.
Et puis on trouve toute une progression de bandelettes toutes faites, prêtes à être imprimées (Pas besoin de tout tracer à la main) chez Les Alphas de La Catalane.
Dernier petit conseil pour la route : à mon sens, l’idéal c’est d’avoir dans chaque plateau :
- le matériel à découper (Boudins de pâtes à modeler, ficelle ou bandelettes),
- les ciseaux
- ET un petit récipient (bol, coupelle, barquette…) pour stocker les petits bouts.
C’est gratifiant pour l’enfant de voir le récipient se remplir… et puis ça peut servir pour un collage après.
Pour les plus grands, pourquoi ne pas fouiller du côté des papertoys, paperdolls et cie ?
Pour aller plus loin
Vous pouvez lire un article de Marie Allard sur L’importance du découpage dans les apprentissages.
Pour un entrainement sur mesure, il existe ce cahier de Josiane Caron Santha (Oui, toujours l’ergo canadienne. Je suis fan de sons travail !). Vraiment clé en main et terriblement efficace.
L’apprentissage du découpage chez l’enfant: Une approche pédagogique complète et accessible à tous
« L’apprentissage du découpage chez l’enfant » est une ressource reproductible complète pour le parent, l’éducateur ou l’intervenant qui soutient un enfant de 2 ans à 7 ans qui débute ou qui progresse lentement dans son apprentissage du découpage. » Inclus avec l’achat : une version PDF couleur complète du livre
Le manuel est divisé en deux sections :
Section 1 : Coffre à outil théorique
- Information pour comprendre la séquence de développement du découpage.
- Stratégies de découpage essentielles à enseigner aux enfants dont comment tenir les ciseaux, comment bien placer les bras, comment faire des changements de direction aux coins, comment isoler les éléments avant de les découper, et comment s’organiser dans la tâche.
- Solutions concrètes pour faire face à différents problèmes souvent rencontrés durant l’apprentissage du découpage.
- Grand nombre d’idées d’activités sensorimotrices pour préparer le corps au découpage incluant des activités de motricité globale, motricité fine ainsi que des activités pour soutenir le développement de la dominance manuelle.
- Certificats de réussite.
Section 2 : Programme de découpage reproductible
- 50 projets de découpage présentés dans une séquence développementale.
- Chaque projet est disponible en deux ou trois niveaux de difficulté pour s’adapter à des familles, milieux de garde ou scolaire avec des enfants de différents niveaux.
- Des instructions claires et une image d’un projet terminé complété par un enfant soutiennent chaque projet.
- Des idées d’activités éducatives individuelles et de groupe complémentaires au thème du projet réalisé.
Rédigé par une ergothérapeute et testé en clinique pendant 5 ans, «L’apprentissage du découpage chez l’enfant» est une ressource incontournable de l’enfance préscolaire et des milieux soutenant les enfants avec des besoins particuliers avec un potentiel démontré.
Le petit truc que j’apprécie vraiment dans les activités proposées : Les formes à découper avec un large contour noir. Les erreurs de parcours ne sont pas catastrophiques et le résultat final est toujours valorisant.
Et vous ? Des astuces découpage ?
0 commentaires