Vous voyez cet élève (TDAH ou non) qui n’écoute pas, ne sait jamais où on en est, ne participe pas (parce qu’il ne suit pas), semble (ou est) ailleurs (mais où ???), rêve, se liquéfie sur son bureau voir s’endort les yeux ouverts (ou fermés) …
Et vous pendant ce temps là, vous essayez de corriger un exercice, de passer une consigne ou d’expliquer une notion un peu compliquée…
Et si cet élève en question percevait mal les signaux oraux ?
Pas qu’il soit sourd ou même malentendant (même si on peut se poser la question), mais plutôt que la voie auditive soit peu efficace. Il est alors utile de s’appuyer sur d’autres voies (Kinesthésiques, visuelles…), et c’est là, encore une fois, qu’une approche multisensorielle prend tout son sens.
Ci-dessous, un extrait sur l’Hyporéactivité auditive, tiré de l’excellent livre « Favoriser l’attention par des stratégies sensorielles » de Sonya Côté aux éditions Chenelière
Rester en alerte en utilisant son corps
Le premier exemple sur lequel je sois tombé et qui m’a vraiment marquée : Un enseignant travaillant sur les notions d’horizontalité et de verticalité (Un petit clic sur l’image pour voir la vidéo) :
Quelques autres exemples :
En lecture
– Pour expliquer le o ouvert et le o fermé, utiliser la petite histoire de Monsieur O dans les Alphas, et mimer en même temps. (Souffler, faire la bulle avec ses doigts, la faire s’élever, claquer dans ses mains pour la faire éclater, baisser les bras en faisant ooooh….)
– Pour travailler sur les confusions visuelles b/d/p/q u/n etc. : écrire la lettre concernée sur une ardoise et faire tourner l’ardoise en fonction du son qu’on entend.
– Pour mémoriser les correspondances lettres/sons : faire un signe en même temps qu’on prononce les sons (Méthode Borel Maisonny) :
En écriture
Effectuer les tracés demandés avec son doigt dans l’espace ou sur sa table ; ou utiliser le huit de l’alphabet :
En maths
– Montrer avec ses doigts les chiffres nommés
– En résolution de problème : montrer le signe de l’opération à utiliser ou des signes correspondant aux actions effectuées (Ajouter, partager, distribuer…)
– En calcul mental, utiliser ses doigts, une idée sympa ci-dessous :
En géométrie
Pour intégrer le vocabulaire de base (Droite, Segment, Parallèles, Perpendiculaires, Formes géométriques…), lui associer une gestuelle :
Associer le visuel à l’auditif
Pour voir ce qu’on entend… et entendre ce qu’on voit. Essayer, autant que possible de toujours doubler l’information.
On peut utiliser :
– Des posters, des affiches (A la manière des leçons de chose d’antan)
– Des photos ou vidéo projetées (Pour ceux qui ont la chance d’être équipés, sinon on trouve des mini vidéoprojecteurs dans les 50 €)
– Ou alors, on sort ses craies et on s’inspire des tableaux que l’on peut admirer dans les classes Steiner/Waldorf
– De vrais objets : Une maquette de volcan ou une mappemonde et son soleil-lampe-de-poche pour la leçon de sciences, les objets évoqués dans le problème de maths (avec ensuite possibilité de manipulation pour les élèves qui en auront besoin), les marionnettes des personnages du conte lu (On trouve plein de lots dans les 5 € sur Amazon) etc.
Amplifier le stimuli auditif
Pour certains élèves, le son de la voix humaine n’est pas toujours d’une intensité suffisante pour susciter une réaction chez eux. Une solution peut-être de la multiplier en faisant intervenir les camarades :
– Répéter, répondre ou réciter tous ensemble (Oui, je sais une technique vieille comme le monde mais qu’on utilise de moins en moins)
Ça « réveille » et ça rend les enfants actifs. Bénéfique pour tous.
Et les élèves moins à l’aise peuvent se raccrocher à la voix des autres
Une méthode qui allie un peu tout ça : Le Whole Brain Teaching
Le Whole Brain Teaching (Enseignement au cerveau tout entier) c’est une méthode qui nous vient des Etats-Unis. De Chris Biffle plus exactement. Il est l’auteur du livre Whole Brain Teaching for Challenging Kids (malheureusement non traduit pour le moment)
On trouve aussi plein d’infos sur le Whole Brain Teaching sur le site www.wholebrainteaching.com (en anglais également)
Mais on trouve aussi des articles en français à ce sujet sur le blog de la classe de Mallory ou celui de l’Univers de ma classe.
Ce qui me semble pertinent pour notre thématique du jour :
Le « Class? Yes! » ou « Classe ? Oui ! »
Pour attirer l’attention de la classe entière quand on veut passer une consigne, une information importante, commencer une leçon…
L’enseignant dit « Classe » et les élèves doivent arrêter ce qu’ils font et répondre « oui » en le regardant. Ils doivent dire « oui » de la même manière que celle utilisée par l’enseignant pour dire « classe » (Changer régulièrement pour maintenir leur intérêt : répétitions, timbre de la voix…)
(Un exemple à 1min42 de la vidéo ci-dessous)
Le « Teach – Okay » ou « Expliquez ! Ok ! »
On utilise cette technique lorsque l’on souhaite que les élèves mémorisent une notion, une méthode… Lorsque l’enseignant dit « Expliquez ! », les élèves répondent « Ok » et se mettent par paires. Un élève reformule alors ce que l’enseignant vient d’expliquer à son camarade, en utilisant les mêmes gestes que lui.
Ceci colle tout à fait à la théorie suivante :
(Un exemple à 1min21 de la vidéo ci-dessous)
Le « Switch » ou « Echangez »
Il fonctionne avec le « Teach-Okay ». On peut annoncer « Echangez », les enfants répondent « OK » et échangent alors leurs rôles : celui qui expliquait écoute et vice-versa.
Le « Mirror » ou « Miroir »
Lorsque l’enseignant dit « Miroir », les élèves répètent « Miroir » et imitent les gestes de celui-ci. (Ce qui sous-entend que l’enseignant a prévu d’utiliser une certaine gestuelle pendant sa leçon.)
La variante « Mirror Words » ou « Mots miroirs »
Là, les élèves imitent les gestes mais aussi les paroles de l’enseignant. Utile pour tout ce qui est à connaître par cœur : définitions, règles…
Souffler la réponse
On demande aux élèves de souffler systématiquement dans leurs mains avant de donner une réponse (à voix haute, tous ensemble). Ça évite les réponses qui fusent et qui empêche les moins rapides de réfléchir. (Un exemple à la 51ème seconde de la vidéo ci-dessous)
Une vidéo pour se rendre compte de ce que ça donne (en Anglais, désolée, je n’ai rien trouvé en français)
Enfin, le plus simple (et peut-être trop évident ?) :
Eviter les phases orales collectives trop longues
Tout le monde s’endort, comme vous dans certaines animations pédagogiques 😉 Mieux vaut essayer de faire court, bref et précis. Ou alors scinder son intervention en plusieurs parties entrecoupées d’autres activités.
On peut s’auto-limiter avec un sablier géant de 10 ou 15 minutes (Et ça permet aux enfants de se rendre compte que pendant ce temps défini, on écoute, on se concentre)
Et vous ? Vous faites comment pour capter tout le monde ?
0 commentaires