A la rentrée, tu vas avoir un élève autiste dans ta classe : Inclusion ULIS ou IME, Classe de cycle 1, cycle 2, cycle 3… peu importe.
Sauf que voilà :
- Tu n’as pas été formé pour ça, ni en formation initiale, ni en formation continue.
- Tu pars de zéro (ou presque) en matière d’autisme.
- Et il faut bien l’avouer…tu as un peu la pétoche. (Vais-je m’en sortir ? Va-t-il apprendre avec moi ? Va-t-il me manger ?)
Mais tu es là, tu as donc la volonté de t’informer et c’est déjà une 1ère étape réussie.
Je t’ai donc sélectionné 15 petites infos à connaitre absolument et qui t’éviteront pas mal d’ennuis.
(Si je les avais eues quand j’ai débuté en CLIS, maintenant ULIS, et en IME, j’aurais pu échapper à de nombreuses crises)
Pour être sûre de ne rien oublier et de ne pas dire de bêtises, je me suis entourée d’une équipe de relecteurs de choc. Je les remercie tous pour les fabuleux échanges que nous avons pu avoir :
- Onaya, Enseignante spécialisée et blogueuse : ABCD, Blog d’une maitresse D
- Rose Fab Wyns, Maman d’enfant autiste et enseignante suppléante en IME (formations méthodes comportementales)
- Coraline Saan, Psychologue psychopédagogue en école spécialisée pour les enfants/ado autistes
- Lys Roy, Enseignante ULIS TED depuis 11 ans
- Mélanie Languillier-Darme, Enseignante ULIS TED depuis 6 ans
- Gwendoline, Ergothérapeute en milieu scolaire ordinaire, à Londres, également connue sous le nom de Ma maman Ergo
- Emilie Cassard, Enseignante en IME et formatrice
- J-Philippe Piat, Auteur du Blog AspieConseil, Asperger lui-même
- Sophie Rannou, Enseignante et directrice, auto formée à l’autisme
Demande-lui (ou demande à ses parents)
Problème
L’autisme c’est tout un tas de petites particularités propres à chaque enfant. Et CET enfant là, tu ne le connais pas encore. Difficile donc de savoir quoi faire.
(D’ailleurs tous les conseils qui vont suivre sont à adapter à l’enfant que tu as face à toi, garde ce qui lui correspond, jette le reste)
Solution
Part à la chasse aux infos :
- Si ceci est possible, demande à l’enfant ce dont il a besoin pour « survivre » à l’école (Expression empruntée à Josef Schovanec, voir en fin d’article ! ).
- N’oublie pas de rencontrer ses parents le plus tôt possible (voire même avant la rentrée). Ils sont souvent devenus, par la force des choses, spécialistes de leur enfant. Ils seront te dire ce qui l’angoisse, ce qui le rassure, ce qu’il peut faire/supporter, ce qu’il ne peut pas… et après tu aviseras en fonction de tes observations. Mais tu auras un point de départ. Prépare des questions à leur poser, ils ne sont pas toujours conscients de leur expertise. Et petite précision : l’autisme est souvent héréditaire… garde dans un coin de ta tête que les parents peuvent eux-mêmes être concernés (parfois sans le savoir : les formes sans déficience sont difficiles à diagnostiquer). Ce qui est décrit dans cet article est valable pour les adultes (difficultés sociales, hypersensibilités, angoisses…). Bienveillance et diplomatie sont le maître mot.
- Contacte également les enseignants précédents : Demande leurs ce qu’ils ont mis en place et qui a fonctionné.
- Il est possible aussi de contacter l’enseignant référent des élèves en situation de handicap (ERSH) : il suffit de passer par la circonscription pour avoir ses coordonnées. Ils suivent les élèves sur plusieurs années, participent aux équipes de suivi de scolarisation… ils ont donc une bonne connaissance de l’enfant.
- Les spécialistes qui entourent l’enfant (orthophoniste, ergothérapeute etc.) eux aussi, auront beaucoup à t’apprendre. Ils sont bien souvent très ouverts à la discussion, il suffit de les contacter, avec l’accord des parents.
+d’infos
Ce conseil est finalement valable pour beaucoup d’enfants. Les éditions Retz ont d’ailleurs publié un ouvrage sur la communication école/parents, toujours utile ! (J’avoue que je ne l’ai pas encore lu mais je n’en ai entendu que du bien)
Communiquer avec les parents pour la réussite des élèves de Benjamin Chemouny
Les choses à éviter
Problème
Certaines choses qui nous paraissent anodines peuvent faire exploser un enfant autiste. Et comme nous sommes non-autiste, nous avons du mal à comprendre.
Solution
Connaître ce qui est généralement difficile à supporter pour les personnes porteuses d’autisme :
- Surprises,
- Changements,
- Imprévus,
- Surplus de sollicitations sensorielles (bruits, lumières, contacts…) ou au contraire, besoin de stimulations intenses (voir plus bas),
- Espaces trop vastes/ouverts,
- Excès de temps en collectivité…
Et agir en conséquence.
Par exemple : Avant toute action, explique d’abord ce que tu vas faire et assure toi qu’il a compris. Prends le temps d’ attendre sa réaction et de le comprendre avant de continuer
+ d’infos
Sur le blog de Classespe :
Les 8 erreurs à éviter avec un enfant autiste
Chaque chose a une place et chaque chose à sa place… surtout lui !
Problème
Le flou, le « pas-comme-d’habitude » est anxiogène.
Solution
Des repères stables :
- Toujours la même place, au même endroit, à côté du même élève, éventuellement étiquetée avec son prénom et/ou sa photo. Valable pour son bureau, sa place au coin regroupement, sa place dans le couloir… et en salle de motricité, pourquoi pas un cerceau pour matérialiser son espace !
- Si possible un lieu par activité
- Un rituel pour les déplacements (souvent déroutants) : avoir la même place dans le rang, chanter la même chanson (mais pas trop fort 😉 ), avoir un fidget à manipuler, se ranger avec la même personne (Si le contact physique est difficile à supporter, au lieu de donner la main, utiliser une boucle en corde ou bien un foulard en intermédiaire)…
La position de la personne qui va travailler avec l’enfant (enseignant, camarade, AVS…) est aussi à réfléchir. On conseille souvent le face à face qui aide à entrer dans l’interaction. Mais pour certains enfants, ou dans certaines situations, le côte à côte est moins effrayant. A tester/réfléchir.
Des sens amplifiés à fond, tout le temps… ou pas !
Problème
Une hypersensibilité difficile à vivre. En fonction des enfants :
- Des sons qui passent parfois inaperçus lui cassent les oreilles.
- Une lumière trop vive lui agresse les yeux.
- Une légère bousculade dans le couloir est ressentie comme une violente agression…
Ou au contraire, pour certains et dans certains domaines, une hyposensibilité . L’enfant est alors à la recherche de stimulations intenses :
- Il met n’importe quoi à la bouche
- Il se tape contre des objets, des personnes
- Il produit des bruits avec sa bouche
Solution
Pour l’hypersensibilité, identifie les stimuli désagréables et supprime les ou tente de les atténuer. (Pour les parents, j’ai abordé la question de l’habillage ici : Comment habiller un enfant hypersensible (ou qui tient juste à son confort) )
Essaye de prévoir une place éloignée des sollicitations sensorielles trop importantes (lumière agressive, sonnerie, excès de mouvements…).
Certains enfants apprécient d’avoir une place « bulle », un peu à l’écart de l’agitation de la classe. (Possibilité d’utiliser un petit paravent ou une étagère en guise de paravent)
Deux outils fort utiles : Le casque anti-bruit (A utiliser ponctuellement pour ne pas créer de dépendance) et le paravent de table Pop-Up :
Pense aussi à limiter le nombre d’affichages pour éviter la surcharge visuelle. Privilégier des outils à sortir uniquement quand c’est nécessaire (classeur, porte-clé, sous-main…)
Pour l’hyposensibilité, tu trouveras des idées sur cette page dédiée, chez HopToy’s
+ d’infos
Je te conseille la lecture de l’article de Juliette Lequinio, ergothérapeute : « Pourquoi faut-il moins d’affichages sur les murs en classe ? »)
Question piège : Où est écrite la date ? 😉
Tu peux aussi aller visionner gratuitement la capsule vidéo n°6 sur les particularités sensorielles, sur la page intitulée « Le trouble du spectre de l’autisme : Mieux Comprendre et intervenir » sur le site canadien Cameleon.tv. Une vraie mine d’informations et d’astuces concrètes.
Enfin, je te conseille la version électronique gratuite du livre : « Comprendre les signaux sensoriels de votre enfant » (mais utile pour nos élèves également) Auteur : Angie Voss – Traduction : Josef Schovanec – Relecture : Autisme Genève
200 pages listant bon nombre de particularités sensorielles très concrètes, observables chez les enfants, et pour chacune, les réponses à apporter. Exemples :
– Il aime les bottes de pluie ou de type cow-boy
– Il utilise trop de force ou d’intensité lors de la manutention d’objets tels que des crayons ou des poignées
– Il garde toujours ses mains dans les poches
– Il jette ses jouets sans arrêt
– Il fait constamment clic-clac avec un stylo
– Etc.
La récré c’est la jungle
Problème
La récré ça peut être atroce : du monde, du bruit, des mouvements, des contacts imprévisibles…
Solution
Laisser la possibilité à l’enfant de prendre avec lui un livre, un jouet, un doudou… quelque chose qui le rassure.
Prévoir avec lui une solution de replis : systématique ou en cas de besoin uniquement : un coin calme et qui lui est réservé, un coin de classe ou de bibliothèque (s’il y a un adulte pour le surveiller).
Pour les entrées/sorties : lui laisser la possibilité d’entrer/sortir quelques minutes avant ou après les autres pour lui éviter le brouhaha et l’agitation du couloir.
+ d’infos
Le centre de ressources autismes du Nord Pas-de-Calais a rédigé un très bon document de 3 pages au sujet de la récréation :
Un comportement qui surprend si on ne s’y attend pas
Problème
Il peut se comporter de manière insolite et peut donner l’impression de n’avoir aucun tact. C’est souvent le point de départ du rejet de la part de ses camarades, décontenancés par ce comportement inhabituel.
Solution
Si l’enfant et ses parents sont d’accord, tu peux prévoir d’expliquer rapidement ce qu’est l’autisme à la classe (En présence ou non de l’enfant concerné ? A toi de voir). Sois clair et explicite.
Et par la suite, donne ponctuellement les infos complémentaires nécessaires. Quelques supports qui peuvent servir :
Des dessins-animés :
Plutôt pour la maternelle : Mon petit frère de la lune de Frédéric Philibert
Un autre, plutôt élémentaire : Mon ami Tom, par Autistes sans frontières 85
Ou encore (A partie de l’élémentaire aussi) : Amazing Things Happen – French Edition
Et si tu préfères un diaporama à commenter, voici celui de l’association « Sur le chemin des écoliers » du réseau Autistes sans frontières :
Des livres :
Plutôt maternelle :
Oscar et ses super-pouvoirs ! de Melanie Walsh
«Je m’appelle Oscar et j’ai des super-pouvoirs !Mais je ne suis pas vraiment un super-héros comme les autres. J’ai le syndrome d’Asperger (ça rime avec hamburger). Cela veut dire que mon cerveau fonctionne un peu différemment… Je vais vous raconter ma vie de tous les jours !»Par la voix d’Oscar, Mélanie Walsh aborde l’autisme avec humour et délicatesse.
Lolo L’autisme de Brigitte Marleau
Moi, je m assois en arrivant à la garderie. Mais Lolo, quand il arrive dans le local, sur la pointe des pieds, il se met à danser. Lolo ne comprend pas les mots… Il faut lui montrer un dessin ou une photo. Mais Lolo, lui aussi, aime jouer et il me donne la main pour aller jouer avec le train.
Plutôt élémentaire :
Epsilon : Un enfant extra-ordinaire de Lydie Laurent et Véronique Cellier
L’intégration des personnes atteintes d’autisme dans notre société est possible. Cependant malgré la notoriété de l’autisme, peu de personnes savent réellement ce qui se cache derrière ce handicap et le mot fait souvent peur. Cette crainte est un frein majeur qui empêche encore trop souvent les enfants ou les adultes avec autisme de partager nos vies.
Epsilon, un écolier extra-ordinaire de Lydie Laurent et Véronique Cellier
Ce livre présente de petites anecdotes qui peuvent parsemer la vie d’un enfant atteint d’autisme au cours d’une année scolaire. Elles font souvent sourire, parfois dérangent mais sont riches d’enseignements et nous permettent de mieux comprendre les différences entre nos modes de pensées et les leurs. Surtout, elles peuvent nous ouvrir des pistes pour aider ces enfants.
Plutôt élémentaire et collège :
Mon chouchou, format BD :
Comment comprendre mon copain autiste de Peter Patfawl
Après le succès du premier tome, voici le second destiné aux parents et aux enseignants !
» Comment garder un enfant autiste quelques heures pour aider ses parents » s’adressait aux adultes. A la demande des enseignants, des familles et des réseaux et associations qui soutiennent les enfants autistes, voici le second tome dans lequel Peter Patfawl s’adresse aux enfants de 5 à 15 ans qui côtoient ou côtoieront un enfant autiste dans leur entourage ou à l’école. Un vrai guide drôle, sympa et chaleureux pour faire comprendre l’autisme aux enfants.
Le livre…
Propose aux lecteurs des déclinaisons du Manuel illustré, pour approfondir les connaissances, mieux comprendre.
Balaye les idées reçues.
Invite le jeune lecteur à dépasser ses peurs et à travailler sur lui. Il lui explique que son attitude positive est primordiale.
Donne des clefs pour comprendre et partager avec l’enfant autiste, inspirées par les méthodes comportementales.
Donne des pictogrammes pour aborder chaque type de situation.
Tout cela dans la bonne humeur !
N’oubliez pas, les enfants n’ont pas d’appréhension vis-à-vis de la différence. Par contre, ils sont très curieux !
Avantage bonus pour l’enfant concerné : Se rendre compte que d’autres enfants vivent la même chose que lui. Citation de Josef Schovanec dans la conférence PEEP « Autisme pour une école inclusive » : « C’est très difficile de penser ou de croire qu’on est le seul au monde »
Relations sociales : Dis-lui clairement quoi dire/faire
Problème
Les habiletés sociales qui sont évidentes pour nous, ne sont pas évidentes pour les enfants autistes. (Ex : Pour dire bonjour à quelqu’un je m’approche, ni trop près ni trop loin, je le regarde, je souris, j’utilise une formule adaptée à la personne…)
Ça peut être source d’incompréhensions voire de tensions entre enfants.
Solution
Dis-lui comment on se comporte généralement dans telle ou telle situation.
Utilise des pictogrammes si nécessaire.
+ d’infos
Tu peux lire l’article d’Onaya :
« Enseigner les habiletés sociales »
Et puis, la collection de petits livres « Ben et les habiletés sociales » est également très bien. Elle a pour objectif d’aider les enfants, leur famille et les professionnels dans la compréhension de certaines notions liées au développement social :
Dompter le temps et les transitions
Problème
Le repérage dans le temps peut être difficile à intégrer pour lui.
Ça le plonge dans l’inconnu, dans l’imprévu et donc dans le stress.
Les transitions sont souvent difficiles : rupture, nouveau voyage vers l’inconnu.
Solutions
Créer un outil personnalisé pour LUI (Ou plusieurs outils : Planning de la semaine si plusieurs maîtresses / services de soin etc. ET emploi du temps journalier par exemple), car il risque de ne pas se sentir concerné par les outils communs. Et il faudra beaucoup imager (Images, Pictogrammes, Photos des lieux, des personnes…)
En cas d’imprévu : prendre le temps de lui expliquer, le noter sur l’emploi du temps si possible.
Utiliser conjointement un outil pour l’aider à visualiser la durée de l’activité et surtout anticiper la fin de celle-ci.
Tu peux utiliser des sabliers ou un Timer (La partie rouge se réduit avec le temps) :
Au moment des transitions entres activités (voire lieux de travail), on peut aussi lui donner un rôle d’assistant : si possible en lui donnant des tâches physiquement exigeantes (Lui faire porter le matériel, déplacer une table…). L’activité physique est d’une grande aide pour l’autorégulation.
Encore une autre solution : Inventer des transitions amusantes : en musique, en chanson, avec un déplacement particulier (sauter comme une grenouille, marcher comme un crabe…)
+ d’infos
Article « Structurer le temps d’un enfant atteint d’autisme » sur le site d’Agir pour l’autisme
Etre radin avec les mots
Problème
Il ne te répond pas, il ne réagit pas, il semble ne pas comprendre ou être ailleurs
Solution
Tu l’as peut-être noyé dans un flot de parole.
Fais des phrases simples avec le moins de mots possibles :
- Pas de négation (« Marche » plutôt que « Ne cours pas »)
- Pas de double consigne
- Pas d’implicite
- Pas de double sens…
Et attends. Laisse lui du temps. Laisse le intégrer ce que tu viens de dire. Ne te précipite pas avec une reformulation qui l’embrouillerait. Et surtout ne crie pas.
Et puis, un support visuel (photos, vidéos, pictogrammes) pour soutenir la parole, c’est souvent très utile (et pas seulement pour les enfant autistes !) : 1 image vaut 1000 mots.
+ d’infos
Les pictogrammes sont souvent très utile : pour faciliter la compréhension des consignes, fabriquer des plannings, des routines ou des aides à la communication…
Plus d’infos à ce sujet dans cet article :
Aider les enfants à mieux communiquer : les pictogrammes
Là encore, tu peux aller visionner gratuitement la capsule vidéo n°4 sur les outils visuels, sur la page intitulée « Le trouble du spectre de l’autisme : Mieux Comprendre et intervenir » sur le site canadien Cameleon.tv.
La petite astuce en plus du pro (Caroline Saan, psychopédagogue intervenant dans une école spécialisée pour les enfants/ado autistes) :
« Pour que l’enfant fasse ce qu’on lui demande, il faut qu’il ait écouté. Donc qu’il fasse attention.
Or beaucoup d’enfants autistes sont tellement concentrés sur ce qu’ils font/pensent qu’ils ne nous entendent pas.
Personnellement, quand c’est possible, je cherche leur regard pour vérifier qu’ils m’écoutent bien
(La consigne est alors bien mieux exécutée et les enfants se sentent moins agressés par la parole puisqu’ils la comprennent) »
La pause s’impose : Prévoir un espace Relax Max
Problème
Quand les stimulations sont trop importantes ou non adaptées, une crise peut survenir
Solution
Identifie les signes précurseurs de mal-être (Mains sur les oreilles, balancements…) et prévois un lieu pour s’isoler et se ressourcer en cas de besoin.
Tu peux mettre en place un « Coin du calme » ou au moins une « Boîte à calme » à utiliser dans un lieu un peu à l’écart.
Beaucoup d’enfants autistes ont une activité rituelle qui les apaise (souvent en lien avec l’une de leur passion). Il peut être intéressant de la rendre réalisable dans le coin du calme (En mettant à disposition le matériel nécessaire par exemple)
Prévois aussi un temps de pause pour décompresser entre les activités (Pas forcément dans le coin du calme, mais identifier clairement les activités possibles dans ces moments là : quoi ? où ? quand ?)
+ d’infos
Pour des infos concrètes sur le coin du calme et la boîte à calme, voir l’article suivant :
« Colères et crises : les aider à gérer et à retrouver leur calme »
Un enseignement adapté, surtout sur la forme
(Paragraphe co-écrit avec Lys Roy, enseignante en CLIS/ULIS TED depuis 11 ans)
Problème
Il a des capacités, tu le sais. Mais difficile de lui permettre de les exploiter. Il évite le travail, se disperse…
Solution
- S’assurer de la compréhension de la consigne : se reporter au point précédent « Etre radin avec les mots » : pictogrammes, communication adaptée etc.
Donner la consigne en s’adressant à lui personnellement, en le nommant. Une consigne adressée au groupe ne s’adresse pas à lui 🙂 - Adopter une présentation aérée, simple, sobre et surtout sans distracteurs (illustrations inutiles…). A ce sujet, lire l’article « Techniques de flemmard en 2 étapes pour adapter un document pour les dys »
- Adapter sa démarche pédagogique : Eviter les situations de recherche : trop déstabilisant (risque de crise).
Privilégier la méthode Leçon (claire, simple, précise) –> Exercices d’application –> Entrainement répété –> Évaluation.
On dit qu’il faut que l’enfant est reproduit la tâche sans erreur au moins 10 fois avant de pouvoir dire qu’elle est acquise.
Faire de l’AVS ou AESH un partenaire de choc
Problème
Tu t’es renseigné, tu vois un peu comment travailler avec cet élève, mais son AVS ne va pas toujours dans le même sens que toi.
Solution
Les AVS / AESH sont rarement formés (Bien que certains au contraire soient mieux formés que les enseignants. Mais ce sont des initiatives personnelles).
Prend le temps d’échanger avec lui/elle sur ce que tu comptes mettre en place pour cet élève et sur ce que tu attends de lui/elle. C’est ton rôle, n’aies pas peur 🙂 Sois attentif au comportement de l’AVS et guide ses actions.
Le positionnement de l’AVS : Il n’est pas nécessaire qu’il soit continuellement assis à côté de l’élève : il est parfois préférable que l’AVS soit au fond de la classe, attentif à l’élève et se déplace en cas de besoin. C’es l’occasion pour l’élève de comprendre que s’il veut de l’aide, il doit la demander (cela est un apprentissage pour certains, il peut la demander en se déplaçant, en levant le doigt, en montrant un picto…).
+ d’infos
Sur le blog Je suis 1 As (que je te conseille de parcourir, il regorge d’infos utiles), tu trouveras un article à lire avec ton/ta collègue AVS / AESH :
Il y a un autiste dans ma classe ! 7 astuces pour les AVS et les AESH
Il existe aussi un autre document très bien : GUIDE PRATIQUE de l’AUXILIAIRE de VIE SCOLAIRE accompagnant un enfant présentant des troubles envahissants du développement (dont l’autisme)
Permets à cet enfant de s’ouvrir au monde
Garde en tête que tout ça, ce sont mes conseils de rentrée. Pour sécuriser et apaiser.
Laisse-le s’installer tranquillement. Tout changement est source de stress, alors une rentrée avec un nouvel enseignant, des nouveaux camarades, une nouvelle salle de classe… ce n’est pas simple. Ne le juge pas trop vite.
Mais petit à petit, quand on le sent prêt, on peut assouplir tout ça, aller vers un estompage des aides, pour viser l’autonomie.
Un livre à lire sur la plage cet été pour préparer ta rencontre avec lui à la rentrée
Un livre de poche qui coûte une poignée d’euro et qu’on ne craint pas de retrouver fourré de grains de sable et tartiné de crème solaire.
Sais-tu pourquoi je saute ? de Naoki Higashida
Naoki, un enfant atteint d’autisme sévère nous raconte l’autisme de l’intérieur. Il ne parle quasiment pas mais épelle les mots sur une grille alphabétique. Il a écrit son livre ainsi.
C’est un livre qui se lit vite et facilement : écrit en questions/réponses, avec des questions qui vont droit au but.
Naoki répond aux questions qu’on se pose tous sur l’autisme :
- Pourquoi fuis-tu le contact visuel ?
- Est-il vrai que tu détestes qu’on te touche ?
- Pourquoi répètes-tu la même question sans arrêt ?
- Pourquoi sautes-tu en tapant des mains ?
- Pourquoi les autistes parlent si fort et bizarrement ?
- etc
Pour aller plus loin même si tu n’as pas beaucoup le temps de lire
Les deux ouvrages suivants de la collection 100 idées des éditions Tom Pousse peuvent être picorés comme bon te semble, dans l’ordre que tu veux, petit morceau par petit morceau.
C’est un bon point de départ. Ils donnent une vision d’ensemble de la manière dont on peut enseigner à un élèves avec autisme.
100 idées pour accompagner un enfant avec autisme de René Pry – Editions Tom Pousse
Sur le site des éditons Tom Pousse, un extrait à feuilleter.
Et 100 idées pour mieux accompagner les jeunes autistes Asperger d’Émilie Dhérin et Florence Martin
Sur le site des éditons Tom Pousse, un extrait à feuilleter.
Tu peux aussi parcourir le pdf « Pour une pédagogie adaptée aux élèves avec autisme « de Monique Deprez
BONUS : Une école qui sait accueillir les enfants autistes sait accueillir tous les enfants
Ce n’est pas moi qui le dit, mais Josef Schovanec (philosophe, écrivain français et voyageur autiste, militant pour la dignité des personnes autistes), à la fin de la vidéo « Autisme, survivre à l’école ». Je te laisse d’ailleurs avec lui :
Ca peut servir…
Merci pour ce guide riche en information.
je suis Mère d’un garçon de 3 ans diagnostiqué autiste.
Ce guide me permettra de mieux le comprendre.
Merci beaucoup.
Merci pour cet article très clair et bourré de liens très intéressants. J’enseigne en CP et à la rentrée j’aurai un élève non diagnostiqué, donc sans AESH mais présentant des comportements typiques depuis la PS. Grâce à tes nombreux conseils, j’espère arriver à mieux le comprendre et pouvoir l’aider à trouver sa place dans notre classe.
Merci pour cet mise à jour de l’article. Je le mets sur mon blog barbaratsa.eklablog.com pour qu’il soit lisible également.
Au plaisir d’échanger
Barbara