Certains enfants n’ont pas la tête à travailler… Trop d’idées ou de soucis en tête :
- Situation familiale conflictuelle,
- Décès et/ou maladie grave d’un proche,
- Situation financière très compliquée
- Vécu chaotique voire traumatisant (je pense aux enfants migrants par exemple)
- Et parfois, un cumul de plusieurs choses
Ils ont toutes les capacités pour réussir, mais leur cerveau paraît accaparé par tout un tas d’autres choses. Il semble incapable de se mobiliser pour les apprentissages.
Les solutions ou réponses à apporter se font rares.
Et “attendre que les choses s’arrangent d’elle-même” n’est pas entendable lorsqu’il s’agit de la scolarité d’un enfant.
Voici donc quelques pistes à explorer. Pas de baguette magique, pas de solution miracle, mais de quoi peut-être, apaiser un peu ces enfants. C’est déjà un premier pas.
Des livres à partager
En lecture offerte, juste comme ça, en tête à tête, en groupe ou en classe.
Sans questions après (Mais en restant disponible à recevoir d’éventuels commentaires).
Se rendre compte que : “Je ne suis pas tout seul à vivre ce que je vis, ça arrive également à d’autres.” C’est réconfortant.
Entendre que : “C’est normal de se sentir parfois triste/en colère/désespéré…” c’est important.
La référence en la matière :
Martin le lapin a trop de choses dans la tête ! Louison Nielman et Thierry Manes
Dans ce livre, Martin le petit lapin, cherche à calmer ses pensées qui fusent et tourbillonnent.
L’histoire incite l’enfant, ni vu ni connu, à utiliser des techniques souvent utilisées en sophrologie / méditation / relaxation : visualisation, mouvements, respiration… qui permettent de chasser les tensions et de se libérer l’esprit :
- Se trémousser comme pour chasser les fourmis grimpées sur lui (comme on chasserait les tensions ou les idées noires),
- Arracher les mauvaises herbes comme on se débarrasserait des pensées parasites,
- Se rouler en boule puis se déployer lentement en respirant profondément pour se laisser gagner par la sérénité de l’escargot…
Utilisable de la maternelle au CE2 sans soucis. Pour les CM, je ne sais pas trop… le lapin peut faire un peu bébé. Mais le contenu ne l’est pas du tout.
Une autre approche, plus humoristique : Comment ratatiner les idées noires ? de Catherine Leblanc et Roland Garrigue
Il existe toutes sortes d’idées noires. Des idées qui font peur ou qui inquiètent : un bobo, une mauvaise note, une dispute, une méchante remarque, ou une bagarre… Mais il ne faut pas leur donner trop d importance, car en fait elles ne sont pas invincibles… Et les idées en couleurs seront toujours plus résistantes et plus fortes !
Face aux angoisses des petits, ce livre truculent propose une échappée belle sur le ton de l’humour et offre une soupape positive pour faire face tout en restant confiant.
Une bonne occasion de lister ensemble, tous les meilleurs moyens pour chasser les pensées parasites
Un autre album, bien dans le thème également et qui permet de lancer l’idée des poupées tracas : Billy se bile d’Anthony Browne
C’est l’histoire de Billy, un enfant inquiet qui se bile pour tout un tas de choses plus ou moins anodines. Même les câlins de ses parents ne lui sont d’aucun secours pour le rassurer.
Il se confie à sa grand-mère qui lui propose des poupées-tracas, venues du Guatemala. Ces petites figurines font disparaître toutes les inquiétudes dès qu’on leur confie les soucis. (Voir dans le chapitre suivant)
Refiler ses soucis
Oui, mais à qui ?
A des poupées-tracas
C’est une tradition du Guatemala : Des petites poupées fabriquées-maison.
Le principe :
- Raconter à chaque poupée un soucis ou une préoccupation
- La placer sous son oreiller.
- Au petit matin, les soucis ont disparu !
Plus d’infos sur la tradition des poupées tracas dans l’article suivant : La légende des poupées tracas, des petites figurines qui soulagent les peines. Un extrait :
“Le fait de déplacer physiquement et un par un nos préoccupations et nos soucis, même si c’est de manière imaginaire, peut être une ressource très utile pour gérer l’angoisse qui découle de nos problèmes. Cela favorise en outre le fait que nous nous sentions plus fort-e-s pour gérer notre anxiété.”
On peut adapter la tradition pour la classe, en fonction des besoins des enfants. En utilisant par exemple des poupées à laisser dans les poches des vêtements dans le couloir avant d’entrer en classe.
A un doudou avale-soucis
…pour les petits :
Le principe est un peu le même que celui des poupées tracas.
A quelque chose de plus abstrait
Pour les plus grands, ou pour faire évoluer la stratégie, on peut aussi inciter l’enfant à laisser ses soucis à quelque chose de moins connoté au niveau affectif, quelque chose de plus neutre et abstrait :
– Dans une boite
– Dans une poche
– Dans le couloir…
La méditation au secours des cerveau surchargés
On trouvera plein d’astuces et de petites activités dans : Calme et attentif comme une grenouille – Eline Snel
Et en particulier dans les chapitres 5 : Quitter la tête, sentir le corps et le chapitre 8 : La fabrique des ruminations dont voici un tout petit extrait :
On trouve aussi un outil bien utile dans cet ouvrage : Philosopher et méditer avec les enfants – Frédéric Lenoir
On trouve dedans un CD de méditation guidée qui peut être utilisée même sans connaissances, même sans avoir rien lu avant 🙂
C’est un support qui explique aux enfants comment se mettre en médiation. (Après quelques séances, ils n’en auront même plus besoin) : Une incitation à porter son attention sur ses ressentis corporels et à laisser passer les pensées et les émotions, sans s’y attarder.
L’avantage : 8 plages pour une séance de méditation à la carte :
- 5 ou 10 minutes
- Avec ou sans musique
- Avec le pronom “tu” ou le pronom “vous”
En règle générale, les enfants réceptifs se mettent à méditer même en dehors des temps dédiés (Pendant la récré, à la maison…). Le bénéfice est donc démultiplié.
Pour aller plus loin
Ces enfants empêchés de penser – Serge Boimare
La spécialité des enfants intelligents qui n’accèdent pas aux savoirs fondamentaux est d’inventer des moyens pour figer les processus de penser. C’est ainsi qu’ils vont échapper aux inquiétudes et aux frustrations que provoque en eux l’apprentissage.
Tant que nous ne les aiderons pas à lutter d’abord contre ce mécanisme, même avec les remédiations pédagogiques les plus sophistiquées présentées par les meilleurs de nos maîtres, nous n’arriverons à rien.
Parmi les pratiques pédagogiques à privilégier pour réduire les effets de l’empêchement de penser, le nourrissage culturel intensif et l‘entraînement quotidien à parler sont à privilégier en urgence. ils sont la clef pour relancer le désir de savoir de nos enfants.
L’Enfant et le Savoir – D’où vient le désir d’apprendre ? – Martine Menes
D’où vient le désir d’apprendre chez l’enfant ? Et qu’est-ce qui explique l’échec scolaire ? C’est à cette double interrogation que tente de répondre Martine Menès en mettant en lumière les liens étroits qui existent entre l’apprentissage et le développement psychique des plus jeunes.
Car l’angoisse, l’instabilité et le besoin de dépendance sont autant de contraintes naturelles à l’apprentissage.
Et les aléas du parcours d’un enfant, ses interactions avec l’environnement ou ses rencontres avec l’imperfection ordinaire des adultes influent aussi bien sur son développement affectif que sur son fonctionnement intellectuel.
Ce livre ouvre des pistes fécondes pour relancer la réflexion sur l’aide qui doit être proposée à ceux qui acceptent mal à recevoir des autres – car apprendre, c’est aussi, et peut-être d’abord cela.
Je remercie celles et ceux qui ont apporté leur contribution à ma recherche,
sur la Page Facebook Maitresseuh ou le Compte Twitter @LaMaitresseuh
Si vous avez d’autres idées, n’hésitez pas à nous en parler dans les commentaires ci-dessous.
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